La Faculté des Lettres et des Sciences Humaines d’Oujda, Le Laboratoire : Langues, Cultures et Traduction, et le Laboratoire : Littérature Générale et Comparée : Imaginaires, Textes et Cultures, organisent un Colloque International les 3 et 4 Avril 2018 sous le thème :
L’industrie du cinéma au Maroc et en Afrique subsaharienne : Vers la mise en place d’une coopération cinématographique Sud-Sud
En partenariat avec le Centre Cinématographique Marocain CCM, le Centre universitaire de Langues et de Communication, le réseau Hescale (Histoire, Économie, Sociologie des Cinémas d’Afrique et du Levant) et l’institut ILLE (Institut des langues et littératures européennes-Université Haute Alsace Mulhouse).
Créé en 1944, le centre cinématographique marocain (CCM), placé sous la tutelle du ministère de la communication, est l’un des plus anciens établissements publics chargés à la fois de contrôler, de réglementer et de promouvoir les secteurs du cinéma au Maroc. Sa restructuration a eu récemment un impact positif sur la production cinématographique nationale.En effet, depuis les années 1990, le cinéma marocain vit un épanouissement significatif grâce aux subventions importantes dont bénéficient les jeunes réalisateurs marocains, ce qui a permis de créer un environnement stable pour la production cinématographique. Le fonds d’aide pour la production cinématographique dont dispose exceptionnellement le Maroc, par rapport à d’autres pays arabes et africains, lui a permis de produire, chaque année, une vingtaine de longs-métrages et une cinquantaine de courts-métrages. Et grâce à d’autres mécanismes de soutien, notamment l’Avance sur Recettes en 2003, qui suppose un remboursement des aides publiques reçues par les réalisateurs (même si son fonctionnement peut poser question), la production nationale s’est davantage accélérée. Depuis lors, les fonds ne cessent d’augmenter et les subventions étatiques atteignent en 2009 un montant annuel de 60 millions de dirhams.
Dans ce cadre, force est de constater que le cinéma marocain s’est avéré leader par rapport aux pays de l’Afrique subsaharienne. L’accord de coopération et de coproduction de films cinématographiques entre le gouvernement du royaume du Maroc et le gouvernement de la république du Sénégal en 1992 a déjà fait référence. Ce genre d’échanges visait à relancer la production de films disposant d’une qualité technique et artistique et contribuer, ainsi, au progrès économique et culturel en matière cinématographique entre les deux pays. Cet accord s’est vu généralisé à d’autres pays africains tels le Mali, le Niger, le Bénin, Côte d’Ivoire et le Congo. Ces accords s’inscrivent dans un environnement plus vaste, d’acteurs et d’initiatives comme celles par exemple de la Fepaci (Fédération Panafricaine des Cinéastes), et de mécanismes comme leFPCA (Fonds panafricain pour le cinéma et l’audiovisuel), censés contribuer au développement de la production du cinéma africain, à la structuration de la filière. Leur impact sur les productions cinématographiques passées et futures reste à déterminer. Au-delà du cinéma, cette orientation panafricaine s’est vue renforcée par la réintégration du Maroc, en cette année 2017, dans l’Union Africaine (UA), un retour qui ne sera pas sans enjeux ni conséquences sur les partenariats économiques et politiques certes mais aussi culturels au sein de cette institution panafricaine.
Relever les défis majeurs du continent africain est aussi l’ambition du Nepad (Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique) qui vise, grâce à la mise en place de plusieurs partenariats tant avec la communauté internationale qu’avec les communautés régionales, à mobiliser les ressources nécessaires pour anticiper le développement socio-économique du continent africain. À ce titre, quelles formes prennent les coopérations inter-africaines dans le secteur du cinéma : transferts d’expertises, collaborations, programmes de développement censés répondre aux besoins et attentes des pays partenaires ? Quels sont les objectifs de tels programmes d’action et dans quelles visions de l’histoire, des cultures des pays africains s’inscrivent-ils ? Dans quels termes penser la coopération cinématographique Sud-Sud ? Constitue-t-elle le socle de l’échange de pratiques optimales et de soutien mutuel des pays de l’UA en vue d’une action commune en faveur de la promotion et du développement de la coopération, de la production et de la coproduction cinématographique locale et panafricaine.
C’est dans ce cadre que nous souhaitons examiner, à l’occasion de ce colloque, qui coïncide avec le retour officiel du Maroc au sein de l’Union Africaine,différentes questions relatives à l’industrie cinématographique au Maroc et en Afrique subsaharienne. Nous souhaitons également faire le point sur les enjeux de la coproduction interafricaine. La coproduction Sud-Sud est-elle en mesure de donner une nouvelle dynamique conséquente à l’industrie cinématographique au Maroc et en Afrique subsaharienne, créant ainsi des ponts et des passerelles pour de nouvelles perspectives capables de pérenniser leurs identités culturelles enracinées les unes dans les autres ?
Ainsi, nous proposons trois grands axes de recherche (non exhaustifs) :
I – État des lieux :
· Les différents accords bilatéraux entre le Maroc et des États africains ont-ils favorisé les coproductions? Quels en ont été les acteurs et les leviers ?
· Quel bilan peut-on tirer des accords de production passés ? Quel impact sur la coproduction inter-africaine ?
· Comment les différents acteurs de la filière perçoivent-ils la coproduction interafricaine ?
· Existe-t-il des coproductions hors accord bilatéral ? Quelle différence ?
II- Enjeux politiques, juridiques et économiques et des coproductions interafricaines en contexte :
· Quelle est la spécificité des coproductions interafricaines ? Quels enjeux politiques et économiques ?
· Quels cadres économiques, politiques et juridiques pour la mise en place d’un fond d’aide à la production africaine sous l’égide du Maroc ?
· Comment les institutions étatiques africaines peuvent-elles accompagner la co-production ?
· Comment la réintégration de l’Union Africaine par le Maroc pourrait-elle affecter la coopération Sud-Sud en matière de production cinématographique ?
· Quelles sont les entraves à la mise en place d’une réelle coproduction inter-africaine ?
· La coproduction inter-africaine face aux difficultés structurelles du secteur du cinéma au Maroc et en Afrique Subsaharienne
· Le rôle des initiatives entrepreneuriales et leur possibilité d’investissement dans le secteur du cinéma.
· Le Maroc et l’Union africaine : perspectives culturelles et cinématographiques.
· Quels marchés et quelles diffusions pour les productions interafricaines aujourd’hui ?