Faire sensation. De l’enlèvement du bébé Lindbergh au barnum médiatique.
Roy Pinker
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En mars 1932, le fils du célèbre aviateur Charles Lindbergh, âgé de 20 mois, est victime d’un enlèvement puis retrouvé mort. En 1935, Bruno Hauptmann, reconnu coupable du crime lors du tout premier procès filmé, est condamné à mort malgré ses dénégations et des preuves contestables, puis exécuté. Ce qui deviendra rapidement « l’affaire Baby Lindbergh » a passionné la presse et le cinéma d’actualité, et inspiré une foule d’artistes écrivains, d’Agatha Christie à Philip Roth en passant par Hergé et Dali.
Loin d’une énième tentative visant à faire la vérité sur l’affaire Lindbergh, ce livre en fait un moment emblématique où se mettent en place, dans les médias, des méthodes et des habitudes – diffusion d’informations non vérifiées, invention ou distorsion de l’information pour la faire correspondre à la temporalité du média, accentuation d’une réalité étrangère pour renforcer une cohésion communautaire, simplifications visant à donner du sens à ce qui n’en a pas, sensationnalisme en continu – dont on aurait pu croire qu’elles étaient spécifiques à notre époque.
Roy Pinker est le nom de l’envoyé spécial que l’hebdomadaire « Détective » avait inventé dans les années 1930 pour couvrir l’affaire Lindbergh. Il signe le travail d’un collectif d’universitaires rédigé par Paul Aron et Yoan Vérilhac, qui enseignent la littérature respectivement à Bruxelles et à Nîmes.