Colloque international GEMDEV/UNESCO.
Paris UNESCO 1er au 3 février 2012.
Le débat sur la mesure des performances économiques et du progrès social est récurrent depuis des décennies parmi les spécialistes du développement. Question ancienne, la mesure du développement se pose sous une forme nouvelle dans le contexte contemporain marqué par le creusement des inégalités dans les pays du Nord et par les évolutions rapides de certains pays du Sud. Ces évolutions invitent à s’interroger sur les concepts statistiques et les outils de mesure. Ceux-ci ont, le plus souvent, fait l’objet d’une exportation technique et intellectuelle à partir des pays du Nord, où ils ont été conçus et utilisés, vers les pays en développement. L’inverse est plus rare.
L’intégralité des communications présentées lors de ces ateliers est disponible sur Octaviana, la bibliothèque numérique de l’Université Paris 8.
- Présentation
- Programme
Chercheurs et experts disposent d’outils quantitatifs variés :
Désormais, pour l’étude des processus de développement, chercheurs et experts disposent d’outils quantitatifs variés qui peuvent renouveler les modalités de mesure de ces processus. Des informations abondantes et chiffrées, y compris sur les aspects qualitatifs, sont apparemment de plus en plus accessibles grâce aux TIC. En réalité, on peut s’interroger sur les modalités concrètes d’accès à ces données (confidentialité, accès payant) et sur les conditions différenciées entre le Nord et le Sud (fracture numérique).
La question de la légitimité des données :
Mais, au delà de cette question de l’accès, se pose, plus que jamais, la question de la légitimité des données et indicateurs ainsi diffusés largement. Ceux proposés par les divers producteurs de données se voient, trop souvent, conférer un caractère quasi magique et sont utilisés sans précautions dans le débat social et politique.
Dans bien des cas on pourrait parler de coup de force intellectuel et scientifique quand le public est noyé sous les mesures. L’abondance de ces dernières masque souvent l’absence d’une définition rigoureuse de leur objet. La question de la pertinence des divers indicateurs permettant de mesurer et d’identifier le développement économique et social se pose donc. Ces indicateurs servent aussi, de plus en plus, à légitimer des types d’intervention et des modes opératoires de l’aide comme des politiques de développement.
Dimensions politiques, idéologiques et sociales :
Si les débats relatifs à la mesure des performances économiques et du progrès social prennent le plus souvent un aspect technique, cette technicité ne doit pas masquer les enjeux liés à la mesure. L’orientation et le contenu de ces mesures ne sont pas neutres. Leurs dimensions politiques, idéologiques et sociales sont essentielles. L’universalisme des méthodes de mesure, la comparabilité des données, l’articulation des concepts analytiques et statistiques sont à interroger au regard des spécificités des pays et des régions.
Ce sont ces interrogations qui étaient au centre des échanges et discussions proposées autour de quelques grandes questions :
– Comment les chiffres et indicateurs sont-ils produits ? (enjeux techniques)
– Qui produit ces chiffres et indicateurs ? (enjeux politiques)
– Chiffre et vérité scientifique ? (enjeux épistémologiques et théoriques)
– L’accès à l’information statistique (enjeux de sa diffusion)
– La mesure comme instrument de pouvoir (enjeux de pouvoir)
Le colloque a rassemblé pendant 3 jours plus de deux cents personnes qui ont assisté aux sessions plénières mais également participé à une vingtaine d’ateliers. L’intégralité des communications présentées lors de ces ateliers est disponible sur le site du GEMDEV.
Ce Colloque international était organisé par le GEMDEV, Groupement d’Intérêt Scientifique pour l’étude de la Mondialisation et du Développement, équipe de recherche de l’Université Paris 8, en partenariat avec le programme MOST de l’UNESCO, Programme pour la Gestion des Transformations Sociales.
Il était placé sous le patronage de l’UNESCO et a reçu le soutien des organismes suivants : Agence Universitaire de la Francophonie (AUF), Association pour l’étude de la mondialisation et du développement (AMODEV), Centre Population et développement (CEPED), Commission nationale française pour l’UNESCO, Conseil régional Ile-de-France, Institut de Recherche pour le Développement (IRD), Ministère des Affaires étrangères et européennes, Solidarité Laïque, Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis.
Ouverture : Mme Irina BOKOVA, Directrice générale de l’UNESCO – M. Pascal BINCZAK, Président de l’Université Paris 8 – M. Jean-Fabien STECK, Président du GEMDEV
I Plénière du Mercredi 1er février 2012 – 14h à 16h30
Thématique générale : La mesure du développement, comment science et politique se conjuguent
Présidente de séance : Mme Pilar ÁLVAREZ-LASO, Sous-Directrice générale de l’UNESCO pour les sciences sociales et humaines
Intervenants :
- M. Alain DESROSIERES – Chargé de Mission à la Direction de la coordination statistique et des relations internationales de l’INSEE, membre du centre Alexandre Koyré d’histoire et des sciences (EHESS, Paris) :
La mesure du développement : un domaine propice à l’innovation méthodologique - Mme Bonnie CAMPBELL – Professeure d’économie politique, directrice du Centre interdisciplinaire de recherche en développement international et société (CIRDIS) et directrice du Groupe de recherche sur les activités minières en Afrique (GRAMA), à la Faculté de science politique et de droit de l’Université du Québec à Montréal, UQAM :
Le chiffre, outil politique ? - M. Jaime PRECIADO CORONADO – Professeur et chercheur, Directeur du département d’Etudes politiques du Centro Universitario de Ciencias Sociales y Humanidades, CUCSH de l’Université de Guadalajara, Mexique :
Les enjeux de la mesure pour l’intégration régionale
Suivi d’un débat
II Plénière du jeudi 2 février – 11h à 13h
Thématique générale : Enjeux de la mesure dans les relations internationales
Président de séance : M. Philippe HUGON, Professeur émérite de Sciences économiques – Membre fondateur du GEMDEV
Intervenants :
- Mme Catherine WIHTOL de WENDEN – Docteur en Science politique de Sciences Po, Directrice de recherche au CNRS, membre du Centre d’études et de recherches internationales, CERI – FNSP Paris ; consultante pour divers organismes dont l’OCDE, la Commission européenne, le HCR, le Conseil de l’Europe :
Les enjeux de la mesure dans la gestion des questions migratoires - M. Jan Robert SUESSER – Economiste et statisticien de formation, Directeur d’Adetef de 2002 à 2011. Précédemment, en charge de fonctions internationales dans l’administration française à l’Insee, à la direction du Trésor et au ministère du Travail et de l’emploi, l’amenant à siéger dans des instances européennes et à l’OCDE :
Les enjeux de la mesure de la démocratie, de la gouvernance, des droits de l’Homme - M. CAI Chongguo – Directeur adjoint du China Labour Bulletin (CLB) à Hong Kong. Correspondant du CLB en Europe de 1996 à 2010 ; chargé des relations avec les groupes syndicaux et les ONG en Europe et partout dans le monde. Ancien professeur de philosophie à l’Université de Wuhan. En exil en France du 14 juillet 1989 à 2010, suite aux évènements de Tien An Men :
La mesure du développement vue de Chine
Suivi d’un débat
III Table ronde du vendredi 3 février – 11h à 13h
Thématique : Les dérives de la mesure
Présidente de séance : Mme Michèle GENDREAU-MASSALOUX, Recteur et Conseiller d’Etat honoraire, Responsable pôle formation, enseignement supérieur, recherche, Mission Union pour la Méditerranée
Thèmes abordés au cours de ce débat :
- La mesure est-elle toujours nécessaire ?
- Les chiffres sont-ils des outils de gouvernement et de gouvernance ?
- Les chiffres comme indicateurs de performance.
- Pertinence des objectifs chiffrés (par ex. à travers les OMD)
Participants :
– Mme Rajaa MEJJATI ALAMI – Socio-économiste. Enseignant chercheur. Doctorat en sociologie économique de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Doctorat en économie de l’Université de Fès (Maroc). Membre du Conseil de l’Observatoire national du développement humain-Maroc (ONDH) : Présidente du groupe « Croissance économique et lutte contre la pauvreté ».
– M. Pierre JACQUEMOT – Ancien Ambassadeur de France, Spécialiste en économie du développement, il a également enseigné dans plusieurs universités en France et à l’étranger ; il a occupé des postes de direction au ministère des affaires étrangères. Auteur de nombreux ouvrages et articles.
– M. Kako NUBUKPO – Macroéconomiste. Docteur en Sciences économiques. De 2010 à 2011, chef du Pôle « Analyse économique et recherche » de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) à Ouagadougou. Depuis janvier 2012, il est Directeur Exécutif du Centre Autonome d’Etudes et de Renforcement de Capacités pour le Développement au Togo (CADERDT), centre de recherches de l’African Capacity Building Foundation (ACBF).
– M. Angel SALDOMANDO – Economiste, Chercheur en sciences sociales au Centro de Investigación de la Comunicación (CINCO) au Nicaragua depuis 2005, collaborateur du mensuel publié par CINCO « Perspectivas ». Enseignant dans diverses universités : au Nicaragua (Universidad Americana, Universidad Nacional Autónoma de Nicaragua y Universidad Central de Nicaragua), au Canada (UQAM) et en Italie (Florence, Bologne).
Suivi d’un débat
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