Philippe Hugon nous a quittés le 20 avril 2018 des suites d’une longue maladie. Co-fondateur du GEMDEV, notamment avec Michel Beaud et Michel Vernières, il a participé à toute l’aventure de notre Groupement, bien singulier dans le paysage de la recherche en sciences sociales. Son ouverture aux autres disciplines que l’économie et sa complicité intellectuelle avec Olivier Dollfus, géographe, ancien président du GEMDEV bien trop tôt disparu, en était une marque. Son approche de l’économie politique du développement était éloignée d’une approche orthodoxe simplificatrice à ses yeux de la complexité des situations auxquelles le chercheur est confronté lorsqu’il veut donner de l’intelligence aux faits, comprendre les relations de pouvoirs qui s’établissent entre les acteurs, les places respectives de l’Etat et du marché. Il était très inspiré par A. Hirschman, Georges Balandier mais aussi le père Lebret, Stéphane Hessel ou Paul Ricoeur comme il l’a écrit dans ses « Mémoires solitaires et solidaires » publiées en 2013 chez Karthala.
Il est difficile de rappeler l’ensemble de ses contributions au sein du GEMDEV, tant la liste serait longue depuis ses multiples participations à des réunions, colloques, journées d’études jusqu’à ses articles et chapitres de plusieurs ouvrages collectifs. C’est le moment de relever que la plupart des thèmes abordés par Philippe Hugon en collaboration avec les membres du GEMDEV sont d’une grande actualité. Il en est ainsi de :
– sa contribution à l’ouvrage collectif publié en 1993 « Les trois temps de la pensée francophone en économie du développement », dans l’ouvrage collectif coordonné par Choquet C., Dollfus O., Le Roy E., Vernières M., État des savoirs sur le développement, Trois décennies de sciences sociales en langue française (Karthala-Gemdev) ;
– ses réflexions sur la mondialisation (en particulier in GEMDEV. Mondialisation ; les mots et les choses, 1999, Karthala) ;
– son travail dans le cadre des différents séminaires du GEMDEV menés sur les relations entre l’Union européenne et les pays ACP dans les années 1998-2002 (cf. GEMDEV. La convention de Lomé en questions 1998, Karthala ;
– sa contribution au travail sur la gouvernance urbaine mené dans le cadre du Programme de recherche urbaine pour le développement (PRUD) dirigé par Annik Osmont et Charles Goldblum (voir, sous leur direction, Villes et citadins dans la mondialisation, 2003, Karthala-GEMDEV).
C’était un collègue d’une immense disponibilité, toujours prêt à s’investir. Son aura scientifique était d’autant plus appréciée que celle-ci s’inscrivait dans un homme d’une grande simplicité, honnêteté et générosité, jamais avare de son temps. Lors du dernier Conseil administration du GEMDEV en mai 2017 il était intervenu avec toute sa profondeur scientifique sur un de ses sujets favoris : la prospective africaine. Son analyse limpide restera comme une référence sur les devenirs possibles de ce continent qu’il connaissait finement tant par ses multiples missions que par ses premières expériences professionnelles dès les années soixante au Cameroun et à Madagascar.
A nous tous de faire vivre l’esprit de ses travaux, ce dialogue entre les différentes disciplines afin de mieux comprendre les situations, les enjeux auxquels la plupart des économies sont confrontées en particulier les pays les moins avancés. Les travaux collectifs du GEMDEV ont toujours eu comme vocation à ce qu’ils soient mis en débat entre scientifiques de disciplines différentes mais aussi partagés avec les décideurs politiques et représentants des secteurs associatifs. Ceci est le fondement du GEMDEV. Philippe Hugon y a grandement contribué.
Le comité de direction