Appel à contributions pour le N°16 de Alternatives Humanitaires
Dans la perspective de son 16e numéro à paraître en mars 2021, la revue Alternatives Humanitaires lance un appel à contributions pour son dossier qui sera consacré au thème « Les violences sexistes et sexuelles dans l’humanitaire ». Si vous êtes acteur, chercheur ou observateur du milieu humanitaire international, et souhaitez soumettre un projet d’article sur ce thème, merci d’adresser un résumé de votre problématique et un plan provisoire (2 pages maximum) à l’adresse mail suivante avant le 26 octobre 2020 : contact@alternatives-humanitaires.org. Une réponse vous sera adressée le 2 novembre 2020 au plus tard.
La date de rendu de l’article final est fixée au 1er février 2021, le calibrage moyen se situant aux alentours de 15 000 signes, espaces compris (soit 2 400 mots environ).
Comme pour chaque numéro, l’appel à contributions s’étend aux articles et sujets « hors-dossier » qui pourraient rejoindre les rubriques « Perspectives », « Transition », « Innovations », « Éthique », « Reportage » ou « Tribune ».
Prévention, alerte et sanctions des violences sexistes et sexuelles : où en est l’humanitaire ?
Un dossier copiloté par Jan Verlin, chercheur postdoctoral à la Chaire géopolitique du risque de l’École normale Supérieure et chercheur associé au Centre de Sociologie des Organisations (CNRS-Sciences Po)
Début 2018, « l’affaire Oxfam » – plusieurs de ses employés sont accusés d’abus sexuels commis en Haïti après le séisme de 2010 – révèle que l’humanitaire n’échappe pas au fléau des violences sexistes et sexuelles. D’autres ONG, et des organisations internationales, dévoilent à cette occasion les « comportements sexuels répréhensibles » (« sexual misconduct ») ayant pu être commis en leur sein, à l’encontre de bénéficiaires directs, de populations vulnérables ou d’autres personnels humanitaires. En association-référence au mouvement MeToo, les hashtags AidToo et ReformAid font leur apparition, devenant les bannières sous lesquelles se rangent celles et ceux qui sont décidés à révéler, combattre et sanctionner les abus sexuels commis par des personnels évoluant dans le monde de l’aide internationale. En réaction, plusieurs organisations humanitaires expliquent les dispositifs déjà mis en place ou proposent de réformer leurs procédures de recrutement, de développer les formations sur les violences sexuelles et sexistes ou de revoir les mécanismes de sanction à leur disposition.
En octobre 2019, un rapport publié par la commission du développement international du parlement britannique fait état de progrès limités réalisés parmi les ONG en matière de transparence, certaines se montrant encore réticentes à publier le nombre d’allégations d’abus sexuels qu’elles ont reçues et le résultat des enquêtes. Quelques mois plus tôt, en France, Coordination SUD et ses organisations membres ont adopté une charte par laquelle elles s’engagent à mettre en place des procédures spécifiques pour prévenir et traiter les cas d’atteinte à l’intégrité physique et psychique des personnes, en particulier les violences sexistes et sexuelles. Ces procédures incluent la transparence sur les cas avérés, des mesures internes de sanction et le signalement à la justice. D’autres plateformes d’ONG en Europe (VENRO en Allemagne, Partos aux Pays-Bas, Bond au Royaume-Uni) s’inscrivent dans cette démarche tandis que les directions générales ECHO et DEVCO de l’Union européenne demandent des assurances identiques de la part de leurs ONG partenaires.
En somme, cette « affaire Oxfam » est devenue celle du milieu de la solidarité internationale dans son ensemble, représentant à la fois un moment de dévoilement de pratiques comme d’une possible transformation du secteur. On ne négligera pas pour autant l’impact de la pandémie de Covid-19 sur cette dynamique – comme sur d’autres – et les indices de sa priorisation ou de sa minoration dans un tel contexte.
Ce dossier se propose d’étudier comment la condamnation morale des violences sexistes et sexuelles se traduit en réformes organisationnelles. Il s’agit d’établir d’abord un état des lieux des dispositifs de lutte contre le harcèlement sexuel au travail et contre les violences sexistes et sexuelles à l’encontre de bénéficiaires directs, de populations vulnérables ou d’autres personnels humanitaires.
À partir de cette perspective, des articles pourront s’inscrire dans l’un des trois axes suivants :
1/ Saisir les violences sexistes et sexuelles dans l’humanitaire
Comment ces formes de violences sont-elles définies et catégorisées par les acteurs humanitaires ? Quels faits sont associés à quel type de violence ? Entre abus, exploitation, comportement repréhensibles et sexisme, quelle perspective privilégier pour nommer ces faits et pour quelle raison ? Quels dispositifs de repérage et de comptage de ces faits ont été mis en place ? Comment et à quel moment ces instruments ont été mis en place ? Quelles sont leurs limites ?
2/ Situer les violences sexistes et sexuelles
Existe-t-il des rapports sociaux et de genre spécifiques à l’origine de ces types de violence dans l’humanitaire ? Comment peut-on les situer dans l’imbrication des rapports Nord-Sud/pays riches-pays pauvres/pays stables-pays fragiles et des rapports de genre ? Quelle est la part des dynamiques de terrain et des rapports siège et terrain dans la reproduction de ce type de violences ?
3/ Lutter contre les violences sexistes et sexuelles
Quels sont les procédures et instruments mis en place par les acteurs humanitaires pour lutter contre ces violences au sein de leurs organisations ? Quels types de sanctions sont envisagés et comment ces dernières sont mises en place ? Quels sont les défis organisationnels dans le déroulement de procédures disciplinaires ? Quelles mesures de protection sont prises pour les victimes ? Comment les organisations humanitaires sensibilisent-elles leur personnel pour la lutte contre les violences sexuelles ? Quel est le rôle de procédures de recrutement dans la prévention de telles violences ?