[newsletter_7_achac] Newsletter #3 – 18 janvier 2023

Newsletter #3 – 18 janvier 2023  
Tribune          Le génocide des Amériques
Une présentation de Jacques B. Gélinas      
         
Installés au Brésil, les universitaires Marcel Grondin et Moema Viezzer ont publié en octobre 2022 Le Génocide des Amériques : Résistance et survivance des peuples autochtones chez l’éditeur Écosociété. Dans cet ouvrage, les auteurs avancent l’hypothèse que le génocide des peuples autochtones des Amériques serait le plus grand génocide qu’ait connu l’histoire de l’humanité. Ils estiment que 90 à 95% des populations originaires des Amériques auraient été éliminées. Ce livre couvre cinq grands espaces – Caraïbes, Mexique, Andes, Brésil et Etats-Unis – auxquels s’ajoute un chapitre inédit sur le Canada signé par Pierrot Ross-Tremblay et Nawel Hamidi. Bien que ce livre retrace le génocide des peuples premiers des Amériques, l’ouvrage rend compte aussi de leur résistance et de leur lutte pour survivre jusqu’à aujourd’hui. En effet, nombreux sont les peuples indigènes qui se battent encore pour avoir accès aux droits humains.         Lire la tribune
Focus  
 « Un centre de ressources sur notre histoire plurielle »
de D’ailleurs et d’ici  
 
En 2022, le média D’ailleurs et D’ici, créé par l’association Multikulti pour une meilleure représentation des minorités et des quartiers populaires, a ouvert son centre de ressources en ligne dédié à l’histoire coloniale et décoloniale, l’histoire de l’esclavage, de la traite négrière et celle de la Shoah. Fondé par Marc Cheb Sun, directeur de l’ouvrage collectif L’histoire de l’esclavage et de la traite négrière, 10 nouvelles approches (Librio, 2021), ce centre de ressources a pour objectif de combler « les déficits de transmission et les besoins d’appréhension de cette histoire constitutive de ce que nous sommes ». À ce titre, sa création a reçu le soutien de la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah), de l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires (ANCT) et de la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage (FME). Promouvoir le pluralisme des récits et des mémoires pour répondre aux « questions historiques devenues fractures », rendre accessible la connaissance au plus grand nombre pour désarmer l’ignorance, la rancœur et le ressentiment, tels sont, entre autres, les objectifs que poursuit le centre de ressources France Plurielle.  
Lutter contre la concurrence mémorielle   Ces lieux de savoirs communs, de « faire ensemble », sont bien trop rare. Il est temps d’arrêter de crier au loup du communautarisme sans, pour autant, développer les espaces qui nous enseignent une histoire plurielle, mais unie. Rendre visible ces sujets à plus grand nombre est plus que jamais nécessaire. En rendant compte de notre histoire commune, il s’agit d’impulser des pistes pour comprendre une société complexe dont la pluralité représente non seulement un acquis de son histoire, mais aussi un formidable potentiel pour son avenir. C’est également un moyen de lutter contre la concurrence mémorielle.   L’objectif majeur du centre de ressources est donc d’aider les interlocuteurs jeunesse à aborder certaines questions historiques devenues fractures, notamment faute de transmission.

Des ressources grand public

Cet espace sera régulièrement enrichi et continuera de proposer des ressources grand public (films, bandes dessinées, livres, musiques, spectacles vivants, documentaires, etc.) tout autant que des publications scientifiques. Des logos permettent d’identifier le(s) personne(s) directement concernées par la source proposée : jeune public, lycéens, étudiants, encadrants, tout public. C’est un outil de savoir mais aussi de perception du monde ».  
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Focus  
« Le Limousin, refuge des tirailleurs blessés »  
 
À l’occasion de la sortie du film « Tirailleurs » de Mathieu Vadepied, cet article revient sur la présence des tirailleurs africains dans le Limousin pendant la Première Guerre mondiale, et plus particulièrement de ceux qui, blessés au front, étaient envoyés en convalescence dans les hôpitaux de la région (Limoges, Saint-Léonard ou Nexon), aux côtés des soldats métropolitains, et/ou accueillis chez les habitants. En 2000, le préfet Pierre Mutz leur rendait hommage, devant la quinzaine de survivants de ces unités coloniales. En 2018, une exposition et un colloque consacrés aux tirailleurs ont également été organisés à Limoges, animé par l’historien limougeaud Pascal Plas, auteur du livre Tirailleurs Sénégalais, frères d’armes, frères de sang  (Éditions Lavauzelle, 2019). L’histoire des territoires recèle de récits partagés et constitue un terreau fertile pour qui souhaite bâtir une mémoire commune. Une exposition du Groupe de recherche Achac, « Région Limousin, présence des Suds », documente depuis 2015 dans la région les nombreux flux migratoires qui ont façonné le Limousin, parfois considéré, à tort, comme un non-lieu de mémoire, et notamment cette présence des soldats coloniaux (une exposition disponible gratuitement auprès de la Direction Régionale de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale, Limoges). Dans la même optique, des collégiens et lycéens de 19 établissements aquitains ont réalisé 19 films courts sur la mémoire migratoire de Nouvelle-Aquitaine dans le cadre du projet « Cour(t)s d’histoire. Migrations, citoyenneté & vidéos » de l’association ALIFS et du RAHMI. Les élèves du collège de Mios (33) ont choisi de réaliser leur court métrage — l’un des trois films lauréats — sur la mémoire des tirailleurs africains « Nos tirailleurs sénégalais. Les tirailleurs africains du camp de Courneau en Gironde ».  
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France   Exposition    « Senghor et les Arts.
Réinventer l’Universel »        
       
Du 7 février au 19 novembre 2023
Musée du quai Branly – Jacques Chirac, Paris   Poète et homme politique sénégalais, reconnu comme l’un des pionniers de la Négritude, Léopold Sédar Senghor (1906-2001) s’investit, dès les années 1930, dans des rencontres internationales et dénonce le racisme, la colonisation et la ségrégation. Sous cette métaphore du « métissage culturel », il réinvente et désoccidentalise la notion d’universel tout en réaffirmant le rôle de l’Afrique dans l’écriture de son histoire. Premier Président du Sénégal de 1960 à 1980, il participe au développement d’une politique culturelle et éducative forte en dédiant un quart du budget de l’État à ces domaines. Cette exposition au musée du quai Branly – Jacques Chirac, organisée en six parties, retrace ainsi un parcours riche en apports culturels, diplomatiques et politiques, mais aussi les limites de ses réalisations.         En savoir plus                

Allemagne  
Article   « Les musées allemands entament leur décolonisation »        
       
Publié le 21 décembre 2022   Deutsche Welle   Cet article présente les enjeux de la décolonisation muséale à travers la restitution de biens patrimoniaux, par le musée ethnologique Rautenstrauch-Joest de Cologne, à la délégation nigériane. Symboliquement, la clé, le trône et le buste – trois objets représentatifs de l’autorité dans la culture de Bénin-City (actuel Nigéria) – ont été remis à Abba Isa Tijani, le directeur général de la National Commission for Museums and Monuments et à Yusuf Maitama Tuggar, l’ambassadeur du Nigéria en Allemagne. Cette restitution s’inscrit dans une perspective de la décolonisation des rapports entre les anciennes puissances coloniales européennes et les pays colonisés. L’anthropologue et commissaire d’exposition Nanette Snoep, conservatrice du musée Rautenstrauch-Joest et co-directrice de l’ouvrage Exhibitions – L’invention du Sauvage (Actes Sud, 2011) avec Pascal Blanchard, Lilian Thuram – tous trois commissaires de l’exposition éponyme organisée au musée du quai Branly – Jacques Chirac – estime que si des progrès ont été réalisés, le chemin est encore long vers l’abandon des privilèges et la décolonisation muséale.          Lire l’article                

France   Podcast  
« Aimé Césaire, nègre rebelle »                 
Diffusé le 7 janvier 2023
France Culture   Véronique Corinus, maîtresse de conférences et autrice de Aimé Césaire (PUF, 2019) revient sur la vie du poète martiniquais, père de la Négritude, engagé dans le combat pour la désaliénation des peuples colonisés au travers de sa poésie, ses pièces de théâtre et son action politique. Dans ce podcast, Véronique Corinus se saisit de la formation littéraire et civique d’Aimé Césaire, au fondement même de l’histoire de la Négritude, mouvement créé dans les années 1930 et constitué, entre autres, de l’œuvre du Sénégalais Léopold Sédar Senghor et du Guyanais Léon-Gontran Damas.         Écouter le podcast  
France   Article
« Égypte blanche, Égypte noire : histoire d’une querelle américaine »           Publié le 11 janvier 2023
The Conversation   Dans cet article, Charles Vanthournout, doctorant en égyptomanie américaine, revient sur l’hypothèse selon laquelle les Égyptiens seraient noirs. À partir de la fin du XVIIIe siècle, le phénomène appelé égyptomanie – fascination pour la culture et l’histoire de l’Égypte antique et pharaonique – intéresse fortement les sociétés occidentales et nord-américaine. Le débat est alors repris à la fois par les partisans et les opposants à l’esclavage. D’un côté, la négation de l’hypothèse des Égyptiens noirs permet de légitimer l’esclavage et la domination raciale, de l’autre, cette hypothèse est utilisée pour redonner à un peuple opprimé ses lettres de noblesse. Ces récupérations politiques, au détriment de preuves scientifiques est démonstratif des enjeux sociétaux de l’époque, fondamentaux dans la création de la race, et donc du racisme.         Lire l’article                

France   Ciné-débat
« Interdit aux chiens
et aux Italiens »                 Vendredi 27 janvier 2023 à 18h 
Cinéma Le Méliès Jean Jaurès (Saint-Étienne)   Le film d’animation « Interdit aux chiens et aux Italiens » du réalisateur Alain Ughetto, adapté aux enfants à partir de 10 ans, retrace l’histoire de la famille italienne Ughetto. Au début du XXe siècle, la vie dans la région nord de l’Italie est éprouvante. Dans ce contexte, la famille souhaite tout recommencer à l’étranger. C’est ainsi que Luigi Ughetto aurait traversé les Alpes et entamé une nouvelle vie en France ; une épopée qui changera à jamais le destin de sa famille. À l’occasion de la sortie du film le 25 janvier 2023, le cinéma Le Méliès Jean-Jaurès (Saint-Étienne) propose, à la suite de la projection, un débat enfants-adultes animé par le collectif TRACES Migrations. L’exposition « Rhône-Alpes, carrefour des suds », conçue par le Groupe de recherche Achac et disponible en prêt, se veut un témoin complémentaire de l’ouvrage de l’histoire des migrations qui ont façonné le territoire.         En savoir plus                

France   Ouvrage  
Guide du Rouen colonial et des communes proches      
         
Paru le 5 janvier 2023
Éditions Syllepse   Partout dans Rouen et les communes normandes aux alentours, les traces du passé colonial surgissent au gré des noms de rues et de places, des établissements scolaires et des statues célébrant ceux qui, du théoricien à l’entrepreneur, ont bâti l’Empire et façonné l’imaginaire colonial. Cet ouvrage invite à regarder Rouen différemment, à décrypter en quoi ce patrimoine (im)matériel est, aussi, un hommage rendu à la grandeur coloniale. D’autres guides, déjà publiés concernant Paris, Bordeaux, Soissons et Marseille, sont à découvrir dans la même thématique ; une manière originale de revisiter nos villes, nos territoires et de s’interroger autrement sur notre histoire.         En savoir plus