Ce film sera suivi d’un débat avec le réalisateur Eric Komlavi Hahounou et Olivier Leservoisier
- Un film d’Eric Komlavi Hahounou, Associate Professor in International Development Studies, Research member of LASDEL – Laboratory for the Study and Research on Social Dynamics and Local Development (Niger and Benin) et Camilla Strandsbjerg,docteure en anthropologie sociale de l’EHESS, Paris, Consultante Nordic Consulting Group, Danemark.
- 29 min, 2011
- Produit avec l’aide de la Direction du développement et de la coopération DDC Suisse, le Lasdel, SporMédia
Résumé
Le film traite des survivances de l’esclavage contemporain au Bénin. Il retrace deux trajectoires d’émancipation : la première individuelle, la seconde communautaire. A travers l’exemple de {{Sabi Gulla}}, qui a été un enfant-sorcier élevé au sein d’une famille peule du Nord Bénin et réduit en esclavage durant toute son enfance, le documentaire illustre le processus par lequel l’émancipation physique et économique des Gando s’est opérée dans l’espace de ces dernières décennies.
La trajectoire personnelle de {{Sabi Gulla}} représente l’archétype de l’émancipation des esclaves GannunkeeBe (ou Gando) vis-à-vis de leurs maîtres Peuls, Bariba ou Boo. Entre deux groupes identitaires (ni Peul ni Bariba), les Gando se sont installés à part, au ban de la société, dans la brousse où ils ont pu acquérir leur autonomie vis-à-vis des anciens maîtres. Au-delà du cas particulier de cet individu qui a connu les affres de l’esclavage, le film traite du mouvement d’émancipation des Gando du Nord Bénin.
Les Gando se sont progressivement constitués en groupe ethnique et revendiquent une reconnaissance de leur statut de groupe ethnique à part entière. On assiste donc ici en réalité à la construction d’une identité à la fois individuelle et collective (l’ethnie). Comme on peut le constater à travers l’exemple de la famille de {{Sabi Gulla}}, deux frères, de même père et même mère, revendiquent des appartenances ethniques différentes : l’un se dit Gando et l’autre Boo.
Le film montre que l’ethnie n’est pas une catégorie naturelle en rapport avec un héritage génétique, c’est une construction sociale qui défie les relations familiales, les relations de sang. Comme les autres catégories sociales à caractère identitaire, les ethnies sont donc des constructions fluides, fluctuantes, changeantes et contextuelles.