Plus que jamais un bilan des politiques économiques suivies par les gouvernements populistes –progressistes latino-américains est nécessaire. Comprendre les causes des échecs est une condition sine qua non pour ne pas répéter les erreurs faites. Les gouvernements populistes-progressistes des années 2000 en Amérique latine ne se ressemblent pas mais ont des caractéristiques communes. La référence à la Nation et l’appel au nationalisme, avec son corollaire la dénonciation de la politique des Etats-Unis ne sont pas les mêmes chez Lula ou chez Chavez – Maduro ou bien Kirchner. Ils ont cependant des points communs : une redistribution des revenus en faveur des couches les plus pauvres et les plus vulnérables, un effort plus ou moins soutenu dans des secteurs clés pour la cohésion sociale comme l’éducation et la santé, une relative indifférence vis-à-vis d’une désindustrialisation en cours, une montée en puissance de la corruption, une incapacité à parier sur les-nouvelles technologies, un essor de l’économie de rente avec la reprimarisation croissante, une dépendance accrue vis-à-vis du cours des matières premières soumis aux aléas de la conjoncture des pays asiatiques.
Ce qui les distingue du populisme régressif, de la droite extrême, c’est ce qu’ils ne cherchent pas à se victimiser en désignant comme bouc émissaire à leurs difficultés l’étranger, le juif ou le musulman. Le vecteur commun des populismes progressistes est, à l’inverse, la solidarité entre citoyens quelle que soit la race, la religion, la nationalité, avec des bémols pour le Venezuela. En ce sens, ils sont progressistes et ont pu recueillir le soutien des gauches. Mais ce qui les distingue, à des degrés divers, des gauches est que leur culture politique tend à substituer le peuple aux classes sociales.
Deux pays emblématiques serviront de base à nos réflexions : le Brésil et l’Argentine. Que ce soit dans l’un ou l’autre, les deux « expériences » de populisme progressiste se sont terminées par une crise économique. Le Brésil est entré dans une crise profonde, la plus importante depuis les années 1930, la pauvreté et les inégalités se sont alors profondément accrues.
Nature et forme de l’Etat capitaliste; analyses marxistes contemporaines (2015) en collaboration avec A.Artous, Tran Hai Hac, J.L.Solis Gonzalez, Edition Syllepse
Des pays toujours émergents? (2014), edition La documentation française, collection : Doc en poche, place au débat
Les économies émergentes latino-américaines, entre cigales et fourmis (2012), édition Armand Colin
La prochaine et dernière séance de l’année universitaire 2017/2018 recevra:jeudi 14 juin (19-21h): Jean-Luc Racine sur le thème « Les relations Inde-Chine : stratégies nationales et nouvel ordre géopolitique, aux plans régional et mondial » (titre provisoire)