Dans la mégapole d’une superpuissance mondiale, Winston Smith vit, cadenassé dans sa solitude, sous le regard constant du télécran. Employé au ministère de la Vérité, il réécrit quotidiennement les archives de presse pour les rendre conformes avec la ligne officielle du moment. Mais un jour, le petit employé de bureau se rebelle, commence un journal, tombe amoureux et flâne dans les quartiers où vivent les proles, soustraits à la discipline du Parti. Dans ces lieux où subsistent quelques fragments du passé aboli, il va s’engager dans la rébellion…
« Le pouvoir nous enseigne à rejeter l’évidence de nos yeux et de nos oreilles. C’est son commandement ultime, le plus essentiel. Winston sentit son cœur lui manquer à la pensée de la puissance démesurée qui était déployée contre lui, à la facilité avec laquelle n’importe quel intellectuel le remettrait à sa place avec des arguments subtils qu’il serait incapable de comprendre, et plus encore de contrer.
» Et pourtant, il avait raison ! Ils avaient tort, il avait raison. Il fallait défendre les évidences, les platitudes, les vérités. Les truismes sont vrais, accrochons-nous à cela ! Le monde physique existe, ses lois ne changent pas. Les pierres sont dures, l’eau est liquide, tout objet lâché est attiré par le centre de la terre.
» Avec le sentiment de s’adresser à O’Brien, et aussi d’énoncer un axiome important, Winston écrivit : La liberté est la liberté de dire que deux et deux font quatre. Si cela est accordé, tout le reste suit. »
« Novlangue », « police de la pensée », « Big Brother »… Soixante-dix ans après la publication du roman de George Orwell, les concepts clés de 1984 sont devenus des références essentielles pour comprendre les ressorts totalitaires des sociétés contemporaines. Dans un monde où la télésurveillance s’est généralisée, où la numérisation a donné un élan sans précédent au pouvoir des grandes entreprises et à l’arbitraire des États, où le passé tend à se dissoudre dans l’éternel présent de l’actualité médiatique, le chef-d’œuvre d’Orwell est à redécouvrir dans une nouvelle traduction et une édition critique.
« Pour son malheur, Orwell a longtemps été mal traduit, remarque Sébastien Lapaque. Et on se dispute encore à propos de la traduction de 1984. Celle que propose aujourd’hui Gallimard dans “La Pléiade” est la troisième mais ne satisfait toujours pas les parfaits connaisseurs, qui assurent que la meilleure est à paraître en janvier 2021 aux éditions Agone. »
Romancier, essayiste et journaliste, mondialement connu pour ce roman, mais aussi La Ferme des animaux et Hommage à la Catalogne (son témoignage sur la guerre d’Espagne où il servit dans le camp républicain), George Orwell (1903-1950) voulait « faire de l’écriture politique un art ».
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