Soutenance de thèse : « L’État sourcier. Anthropologie politique de l’hydraulique rurale au Sénégal »
Veronica Gomez-Temesio a le grand plaisir de vous annoncer la soutenance de ma thèse de doctorat en anthropologie sociale et ethnologie intitulée : « L’État sourcier. Anthropologie politique de l’hydraulique rurale au Sénégal »
Date : vendredi 19 décembre
Heure : 14 heures
Lieu : l’École des Hautes Études en Sciences Sociales
Salle A, deuxième étage
Centre Vieille Charité, 2 rue de la Charité 13002 Marseille.
Devant un jury composé de :
Laetitia Atlani-Duault, directrice de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), rapporteur;
Giorgio Blundo, directeur d’études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS, Marseille), directeur de thèse;
Jacky Bouju, maître de conférences HDR, Aix-Marseille Université;
Christian Lund, professor, University of Copenhagen, rapporteur;
José-Maria Muñoz, lecturer, University of Edinburgh.
La soutenance sera suivie d’un pot auquel vous êtes chaleureusement convié-e-s.
Afin de l’organiser au mieux, merci de bien vouloir indiquer votre venue à l’adresse suivante : veronica.gomez.temesio@gmail.com
Résumé :
Comment fonctionne l’État au Sénégal? Ce travail répond à cette question à travers une ethnographie de l’accès à l’eau basée principalement dans la région centre du pays et, plus particulièrement, dans la région administrative de Kaolack.
L’accès aux ressources naturelles comme porte d’entrée vers l’organisation sociale et politique d’un espace constitue aujourd’hui un classique de la démarche anthropologique. De même, les chercheurs travaillant sur les droits fonciers sont souvent partis des conflits entre les hommes au sujet de la terre pour explorer les répertoires locaux d?appartenance, de légitimité politique et d’autorité publique sur lesquels se fondent les sociétés locales. Je revisite ici cette posture en troquant la terre contre l’eau et en ouvrant les frontières de la recherche : de la société villageoise à la figure de l’État. Mon travail interroge ainsi sur le processus de formation de l’État au carrefour de l’anthropologie politique, de l’anthropologie juridique et de l’anthropologie du développement.
Après l’Indépendance, les infrastructures hydrauliques ont permis au nouvel État de s’inscrire sur son territoire et d’assurer par ce biais sa légitimité politique. Depuis les années 1980, l’eau est également devenue un objet de préoccupation de la communauté internationale. Cette substance vitale a désormais un coût et est définie comme un bien marchand. Sous l’impulsion de ses bailleurs de fonds, le Sénégal a ainsi entamé une progressive libéralisation du secteur, depuis la fin des années 1990. Des standards internationaux influent par conséquent aujourd’hui sur la mise en place des politiques d’hydraulique rurale et redéfinissent ce qui a été, par le passé, un monopole d’État.
Le forage hydraulique constitue aujourd’hui l’un des moyens principaux au travers duquel les citoyens des régions rurales du pays accèdent à l’eau potable. Ma recherche s’organise autour des dysfonctionnements techniques que connaît ce type d’installation. Cette « entrée par la panne » me permet de questionner les processus au travers desquels se négocient et se construisent autorité publique et légitimité politique dans un espace donné. Observer la (non) circulation de l’eau permet de questionner ainsi les multiples registres normatifs, formels ou informels, qui définissent l’action publique au Sénégal. Dans ce sens, le forage apparaît comme un lieu de l’État et pour l’État. À ce dernier, le forage permet de se construire et de se reproduire sur son territoire. Au chercheur, il permet de répondre aux questions : comment penser l?État ? Comment fonctionne-t-il au Sénégal ?
Mots-clés : État ; Sénégal ; Kaolack ; accès à l’eau ; forage ; comités d’usagers ; droits locaux ; appartenance ; autorité publique; légitimité politique ; bureaucratie.