Thèse Éducation et situations de fragilité
La thèse de T. Poirier portant sur « Éducation pour tous : l’aléa des États fragiles » se trouve entièrement en ligne sur le site HAL-SHS
Résumé :
Plus du tiers des enfants non scolarisés dans le monde vit actuellement dans des pays considérés comme fragiles. Principalement localisés en Afrique subsaharienne, ces pays, pour la plupart, ne seront pas en mesure de réaliser les objectifs de l’Éducation Pour Tous d’ici 2015. Se situant à la croisée de l’éducation comparée, des sciences politiques et de la sociologie des organisations, cette thèse explore empiriquement les conditions d’achèvement de l’EPT dans les contextes de fragilités. Malgré les ambigüités qui l’entourent, la notion d’État fragile a été adoptée en 2005 en tant que concept opérationnel par la plupart des organismes d’aide. Si les définitions de l’État fragile convergent sur un ensemble de critères spécifiques (institutions dysfonctionnelles, instabilité sociopolitique chronique, accès limité aux services sociaux), la fragilité revêt des dimensions variées et connexes dont la sévérité rend la réalisation de la scolarisation primaire universelle singulièrement aléatoire. Dès lors, l’injonction faite aux États de fournir une éducation de base homogène aux populations, notamment aux plus pauvres, peut rencontrer des difficultés d’adaptation dans les contextes particuliers des États fragiles (chapitre 1). Les conflits armés constituent certainement la plus évidente origine de la fragilité des États et des pays. Les effets de ces conflits mettent à mal le développement éducatif et anéantissent toute perspective d’éducation pour une proportion d’enfants difficilement mesurable, particulièrement ceux issus de milieux pauvres et isolés. Les périodes d’instabilité signalent égale-ment l’impact des politiques des finances publiques ainsi que l’échec d’un gouvernement à investir dans des domaines sociaux tels que l’éducation, élément contribuant à l’émergence des valeurs d’un système politique à tendances démocratiques (chapitre 2). Dans la mesure où l’investissement éducatif est perçu comme une condition nécessaire, sinon suffisante, de sortie de la pauvreté, l’option d’impulser et d’accélérer le développement éducatif s’impose comme un critère d’opportunité pour la communauté internationale, quitte à exercer des formes d’ingérence. Les conclusions de notre analyse empirique montrent, dans la problématique des États fragiles, l’émergence d’une contradiction actuelle entre le caractère inclusif des objectifs de l’EPT et la nature excluante des paradigmes sur lesquels se fondent l’aide extérieure (efficacité et résultats). Cette situation conduit alors à s’interroger sur une approche de l’aide liée à une analyse morale écartelée entre les conséquences des actions individuelles ou communes et dont les critères et instruments financiers ne sont visiblement pas adaptés aux situations de fragilité (chapitre 3).
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