Soutenance de thèse de sociologie (20 décembre, Paris)
De Totumas y Estantillos »: Processus migratoires, dynamiques d’appartenance et de différenciation entre les Gens du Centre (Amazonie colombienne) par Luisa SÁNCHEZ SILVA
M. Christian GROS, Professeur émérite à l’ Université de Paris III (Directeur)
M. Stephen HUGH-JONES Professeur au King’s College, Cambridge (Rapporteur)
Mme Françoise LESTAGE, Professeur à l’Université Paris Diderot- Paris 7
M. Maria Eugenia COSIO ZAVALA, Professeur à l’Université Paris 10, Nanterre
Résumé de la thèse :
Au cours des années 80, le gouvernement colombien a rendu le Predio Putumayo à ses habitants ancestraux, les Gens du Centre, donnant ainsi naissance à la réserve indienne la plus grande de la Colombie. Cet acte décisif marque la fin d’une longue dispute entre les indiens, les entreprises extractives et les institutions de l’Etat. Il a été alors interprété comme une véritable révolution dans les représentations traditionnelles de la citoyenneté. Toutefois, si l’on observe avec attention ce processus de reconnaissance politique et territoriale, on s’apercevra qu’une autre réalité émerge simultanément: la migration d’une centaine de femmes indiennes vers les villes du pays ; un chemin sans retour depuis leurs petites villages vers la métropole inconnue. Cette expérience pionnière constitue la base d’un solide réseau migratoire qui s’étend aujourd’hui à la plus part de villes colombiennes. Pourquoi sont-elles parties de leur territoire alors qu’elles profitaient –au moins formellement- d’une autonomie politique et culturelle ? Leur décision migratoire a-t-elle signifié le rejet de la « différence généralisée » proclamée par le discours multiculturel ? Le projet migratoire de celles et ceux qui sont partis dans ce premier moment est-il différent de celui des hommes et des femmes qui partent aujourd’hui ? Ce travail de recherche tente de répondre à ces questions en reconstruisant d’abord les processus de mobilité des Gens du Centre à Leticia et Bogotá au long des 30 dernières années. Il analyse ensuite les différentes stratégies d’insertion urbaine des migrants indiens dans le contexte du multiculturalisme comme mode de gestion privilégié entre cette population et les sociétés d’origine et de réception.