Vient de paraître : « Fragments d’une guerre inachevée? Les entrepreneurs taiwanais et la partition de la Chine » de Françoise Mengin
La République de Chine, repliée à Taiwan en 1949, a conservé une indépendance de fait. Mais les autorités communistes n’ont pas renoncé à réunifier formellement l’île à la Chine populaire. Outre une pression militaire croissante, la politique irrédentiste de Pékin a tablé sur l’intégration économique entre les deux rives du détroit de Formose. Répondant aussitôt aux mesures préférentielles qui leur ont été offertes, les industriels insulaires ont opéré un vaste mouvement de délocalisation de leurs activités sur le continent. Fragments d’une nation déchirée par des revendications contradictoires, ces entrepreneurs sont les vecteurs d’une unité de la Chine imposée par le Parti communiste, voulue mais différée par le Parti nationaliste, rejetée par les partis indépendantistes taiwanais.
Dans cette guerre civile inachevée, les logiques sociales s’imbriquent au conflit de souveraineté. Les acteurs transnationaux ont pu s’affranchir d’une législation sécuritaire ou tirer parti des modes de gouvernement de la Chine des réformes pour reconfigurer, à terme, la scène démocratique taiwanaise et, par là même, les rapports entre Pékin et Taipei.
Par son irréductible spécificité, la question de Taiwan éclaire le rapport de l’économique au politique : une opération fictive de dépolitisation a présidé à l’ouverture de la frontière sino-taiwanaise afin d’ajourner toute résolution du conflit de souveraineté. Renouvelant la sociologie et l’économie politique des relations internationales, l’auteur apporte un éclairage aigu sur l’un des différends territoriaux qui font de l’Asie orientale une zone de risques majeurs.
ISBN : 978-2-8111-0852-6
Paris, Karthala, collection Recherches Internationales, 2013, 519 p.