juin 11, 2012

Séminaire Développement durable et économie de l’environnement

La question de la crise écologique est un thème sur lequel les philosophes se sont – étonnamment – peu penchés. Avec son essai Nature et Souveraineté, paru aux Presses de Sciences Po (2012), Gérard Mairet, spécialiste des théories de la souveraineté, propose une refondation de la souveraineté à l’aune de la crise écologique. Une parole forte, qui tranche dans le débat actuel.

Gérard Mairet (Paris VIII)*

Nature et souveraineté

Mardi 19 juin 2012, de 12h30 à 14h30

à Reid Hall
4, rue de Chevreuse – 75006 Paris
(M° Vavin)

Résumé

Le présupposé éthique et politique de la modernité veut que la « nature » soit extérieure aux humains. Les hommes la considèrent comme leur « environnement », comme si les choses de la nature étaient conçues aux seules fins de les servir. Telle est l’origine de la crise écologique de notre temps : le projet politique et technique d’asservissement d’une nature fantasmatique vouée à satisfaire nos besoins.

L’État moderne résulte donc d’un prétendu droit selon lequel les hommes doivent s’organiser en vue de leur lutte contre la nature et non d’une vie en harmonie avec elle. Ainsi pensée, la nature n’est plus qu’un vaste magasin où nous puisons notre nourriture. Quant à sa « valorisation », elle se réduit à la marchandisation capitaliste de ses ressources.

Une éthique, ou plutôt une politique, est pensable si et seulement si elle substitue le droit biotique au droit naturel, autrement dit si elle rétablit la nature à l’intérieur de l’animal humain en inscrivant celui-ci dans l’histoire politique de la nature.

Il faut donc commencer par changer la politique, la doter de nouveaux principes, pour changer l’attitude des hommes vis-à-vis de la nature. En ce sens, il existe une obligation des hommes vis-à-vis d’eux-mêmes, plutôt qu’envers une nature fantasmatique qui leur serait extérieure et serait l’objet de leur action et de leur attention. De ce point de vue et à proprement parler, il n’y a pas de crise écologique. Il y a une crise politique : celle des fondements essentiels de la cité.


* Gérard Mairet est professeur de philosophie politique à l’université Paris VIII. Il a enseigné aux universités d’Ottawa (Canada), de Yaoundé (Cameroun) et de Los Angeles (University of California Los Angeles, UCLA, États-Unis). Il a été chercheur résident au Getty Research Institute (Los Angeles, États-Unis) et est intervenu dans plusieurs séminaires internationaux (Rome, Florence, Athènes, Sarajevo, Stockholm, Londres, Lisbonne). Ses ouvrages développent une théorie critique du système conceptuel de l’État moderne (La Fable du monde, Gallimard 2005 ; Nature et Souveraineté, Presses de Science Po, 2012).

 

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