Séminaire « Analyser la circulation des savoirs », (17 octobre, Paris)
la prochaine séance du séminaire « Analyser la circulation des savoirs » aura lieu le 17 octobre, de 14h à 17h30 au CEPED (19 rue Jacob, 75006 Paris). La séance sera consacrée aux approches de la circulation des savoirs par l’anthropologie de la communication.
Nous aurons le plaisir d’accueillir Frédérique Jankowski (CIRAD, Montpellier) et Joëlle Le Marec (Université Paris 7).
Résumés :
Frédérique Jankowski (CIRAD) « Approche socio-cognitive de la mise en dialogue de savoirs scientifiques et paysans. L’exemple d’un projet d’agro-écologie dans l’état de Oaxaca (Mexique) »
En Amérique du Sud, l’agro-écologie est très souvent associée au retour de la souveraineté alimentaire et au maintien d’une agriculture familiale (Altieri et Toledo, 2011). Dans ce cadre, les compétences et savoirs traditionnels des paysans sont considérés comme le substrat fertile permettant de concevoir de nouvelles technologies respectueuses tant de l’environnement que des pratiques locales. L’agro-écologie constituerait ainsi un espace de dialogue et d’intégration des savoirs scientifiques et paysans. A partir d’un projet d’agro-écologie de restauration des sols dans l’état de Oaxaca (Mexique) nous décrivons les formes concrètes d’articulations entre des savoirs multiples et leurs justifications par des agronomes. Il s’agit de questionner tant les modalités des traductions opérées que les espaces d’incommensurabilité auxquelles elles sont confrontées. Pour cela, nous proposons un triple cadrage conceptuel qui emprunte à : (i) l’analyse anthropologique des modes d’acquisition et de circulation des savoirs sur la Nature ; (ii) les travaux en sociologie de la traduction portant sur des dispositifs d’intermédiation et (iii) la théorie de la justification développée en sociologie des régimes d’action.
Joëlle Le Marec (CERILAC, Université Paris Diderot) « Circulation des savoirs et communications sociales dans la recherche ».
Voilà maintenant plus de 50 ans que Serge Moscovici a établi un direct entre les savoirs sociaux (les représentations sociales) et la communication, à partir de l’idée qu’il n’est aucun ‘contenu’ de la pensée sociale qui ne soit observable en dehors des processus de communication. Paradoxalement, cette idée a largement nourri quantités de travaux relatifs à des phénomènes de la pensée sociale, des mystère des visions du monde construites hors de la rationalité scientifique, mais n’a en rien symétrisé le type de regard qui pouvait s’appliquer à la fois à la recherche et à d’autres domaines d’élaboration de savoirs. Il a fallu la conjonction d’une critique plus ou moins explicitement politique du fonctionnement social de la recherche, et d’une réhabilitation également plus ou moins explicitement politique du sujet social ordinaire, pour qu’on prenne au sérieux l’hypothèse d’une pluralité des savoirs dans et hors recherche. Je souhaiterais écarter au moins dans un premier temps les implicites politiques (critique de la domination académique et promotion des savoirs méconnus), pour revenir à l’idée d’une dimension fondamentalement communicationnelle de n’importe quel type de savoir, et sur cette base, présenter quelques situations de recherche portant précisément sur le travail scientifique ordinaire et sur les discours à propos de sciences.