jan 24, 2014

Call for Paper Tsantsa 20 : L’anthropologie et le tournant ontologique

Appel à contributions : Tsantsa 20/2015 : L’anthropologie et le tournant ontologique

Responsables du dossier:
Frédéric Keck (Laboratoire d’Anthropologie Sociale, CNRS/EHESS/Collège de France)
Saskia Walentowitz (Institut d’anthropologie sociale, Université de Berne)
Ursula Regehr (Institut d’anthropologie sociale, Université de Berne)

L’anthropologie et le tournant ontologique

À quoi ressemble une anthropologie qui ne place plus l’anthropos au centre du monde social ? Qu’est-ce qu’une science humaine fondée sur le constat que les humains et les non-humains se constituent mutuellement ? Comment penser la diversité des cultures si on ne la rapporte plus à l’aune d’une nature universelle ? Qu’est-ce que le social s’il n’est plus un domaine indépendant ? Le dossier thématique du numéro 20 de la revue TSANTSA sera consacré aux renouvellements suscités par le « tournant ontologique » dans la discipline.

Par un changement de paradigme, voire une révolution silencieuse, l’anthropologie abandonne ses dualismes fondateurs. La dichotomie entre « nature » et « culture » est ébranlée par l’étude de cosmologies qui postulent l’existence d’une pluralité des « natures » et le partage d’une même «culture » avec d’autres formes de vie, choses ou artefacts. Le multiculturalisme occidental apparaît dès lors comme une possibilité parmi d’autres d’instaurer des collectifs. L’unité de la « nature » n’y est obtenue qu’au prix d’un travail, notamment par l’activité scientifique, qui départage sans cesse l’humain comme seul sujet connaissant du reste du monde peuplé de choses connues.

La décentralisation de l’anthropos a des implications profondes pour la constitution des objets de recherche, les méthodes d’investigation, le geste analytique et les formes de restitution. L’anthropologie se symétrise en attestant de la force d’agir des non-humains sans préjuger de leur statut ontologique entre « sujets » et « objets ». Elle prend les matières au sérieux, sans les réduire à des substrats de l’action ou de la pensée symbolique. Elle privilégie la description des multiples compositions de mondes communs plutôt que leur interprétation savante. En quittant ainsi les fondements constitutifs de la discipline, une nouvelle anthropologie comparative s’esquisse.

Au sein de ce projet comparatif, les approches diffèrent nécessairement. Le terme « ontologie » foisonne avec des acceptions diverses dans les analyses pionnières conçues à partir d’horizons disciplinaires et de lieux ethnographiques variés : anthropologie de la nature, ethnographie multi- espèces, philosophie empirique, anthropologie des sciences et des technologies, sémiotiques matérielles, archéologie symétrique, phénoménographie, anthropologie récursive… Sans appeler à une unification de ces approches, le dossier de TSANTSA 20 souhaite réunir des articles originaux qui

puisent librement dans ces répertoires hétérogènes. Qu’inspire une ethnographie perspectiviste en Amazonie à une étude sur la biosécurité en Asie et inversement ? Comment une anthropologie de la nature multiple en Europe modifie-t-elle l’analyse de la globalisation des standards relatifs à la santé ou à la biodiversité ? Que deviennent les concepts anthropologiques quand il n’y a plus lieu de distinguer entre l’idéel et le matériel? Que peut apporter une anthropologie des sciences pour faire parler les non-humains dans des analyses d’interactions autres que scientifiques ? À l’inverse, comment étendre la communication multi-espèces aux études sur les mondes technoscientifiques où prolifèrent des entités nouvelles ?

Nous recherchons pour ce dossier thématique des textes qui font circuler et résonner les différentes voies explorées par les recherches qui instaurent le tournant ontologique. Nous sollicitons des réflexions qui concernent non seulement les potentiels, mais aussi les risques d’un tel décentrage de l’anthropos et de l’anthropologie. Comment une science humaine qui se veut désormais non anthropocentrique peut-elle être critique des nouvelles formes d’exploitationdes ressources humaines et non-humaines ? Que nous apprend-elle sur les multiples asymétries, y compris entre les genres, question qui semble peut abordée jusqu’ici ? Favorise-t-elle le postulat de l’incommensurabilité ou, au contraire, ouvre-t-elle la voie à de nouvelles réciprocités face aux défis contemporains ?

Langues: allemand, français ou anglais

Résumés: 500 mots comprenant titre, résumé de l’argument, nature du corpus et des indications précises concernant la méthodologie ; notice biographique comprenant la discipline et le statut professionnel de l’auteur-e, à envoyer jusqu’au 31 janvier 2014, à saskia.walentowitz (at) anthro.unibe.ch

Article: Longueur de l’article: 40’000 signes (espaces et bibliographie compris)
En cas d’acceptation, prière de joindre à votre article :
– Bref résumé (max. 500 signes, si possible en anglais, sinon dans la langue de votre article)
– 4 – 6 mots-clés
– Informations personnelles et coordonnées de contact (domicile ou institution, téléphone, courriel).

Des directives complémentaires peuvent être téléchargées en cliquant sur le lien suivant :

http://www.seg-sse.ch/pdf/directives_Tsantsa.pdf

Calendrier:

31 janvier 2014 :    Réception des résumés.
28 février 2014 :    Notification aux auteur-e-s retenu-e-s par le comité de rédaction.
30 juin 2014 :        Réception du texte (max. 40’000 signes, espaces compris) soumis à double évaluation anonyme (comité de lecture et experts externes).
1 octobre 2014 :    Communication des évaluations aux auteur-e-s.
5 janvier 2015 :    Réception des versions définitives pour édition.
Mai 2015 :        Publication du numéro 20 de TSANTSA

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