Revue Sciences/Lettres, consacré aux « Épistémologies digitales des sciences humaines et sociales » et programme Atelier Internet ENS
Sortie du numéro 2 de la revue Sciences/Lettres, consacré aux « Épistémologies digitales des sciences humaines et sociales »: http://rsl.revues.org/355.
Ce numéro 2 de la revue Sciences/Lettres est composé d’articles théoriques et empiriques qui détaillent l’évolution des pratiques au sein de
disciplines variées (histoire, linguistique, philosophie, sociologie, etc.), avec l’essor et l’appropriation de l’informatique et des réseaux.
Les dimensions scientifiques de ces pratiques sont décrites et analysées, et mises en relation avec celles qui relèvent plus du « social »; par exemple,
l’évolution de nos métiers (écrivains, éditeurs, universitaires) est soigneusement détaillée.
Les enjeux théoriques sont mis en perspective de façon argumentée: circulations entre données, outils et théories, entre quantitatif et
qualitatif, articulation entre méthodes et exigences disciplinaires, apports de la philosophie de la technique, etc.
En même temps, de nombreux mythes ou approximations sont mis en évidence (révolutions disciplinaires ou techniques, déterminisme de l’innovation, égalitarisme…).
Les articles de ce numéro donnent des éléments de réponse aux personnes intéressées par la notion (et le mouvement) des « humanités numériques »
(digital humanities). La façon dont ils abordent les questions brûlantes en relation avec les sciences sociales et humaines et leurs instruments, les
réponses qu’ils apportent (y compris en matière de sociologie de l’université française), les dialogues interdisciplinaires qu’ils impulsent
contribuent à dresser le panorama de champs de recherche et de disciplines en pleine évolution, à repérer résistances et dynamiques, à comprendre ce qui relève effectivement de l’épistémologie dans ces transformations induites par une nouvelle forme de technique scribale.
De ce fait, et comme indiqué dans le titre du numéro, la question de l’épistémologie est centrale dans la majorité des articles: le fait qu’elle
soit abordée en contexte (les relations entre les disciplines, leurs instruments au sens large, leurs histoires et leurs devenirs), ancrée dans
l’empirie, et différentielle (suivant ces expériences et champs de savoir), enfin le désir de ne pas basculer en des généralisations hâtives, tout cela
explique le choix du pluriel: « épistémologies ».
Ce numéro de revue est donc aussi une réponse raisonnée et détaillée, pas à pas, aux nombreuses hypothèses qui courent en ce début de siècle sur le
renouveau de l’épistémologie et sur la transformation des disciplines.
Sommaire:
* Éric Guichard et Thierry Poibeau
Éditorial
* Éric Guichard
L’internet et les épistémologies des sciences humaines et sociales.
* Thierry Poibeau
La linguistique est-elle soluble dans la statistique ?
* Stéphane Lamassé et Philippe Rygiel
Nouvelles frontières de l’historien.
* Emmanuel Lazega et Christophe Prieur
Sociologie néostructurale, disciplines sociales et systèmes complexes.
* Paul Mathias
Les internautes ont-ils une âme ?
* Laure Léveillé
Le Liberlabo de PSL.
* Jean-Baptiste Rouquier et Pierre Borgnat
Cartographie des pratiques du Vélo’v: le regard de physiciens et d’informaticiens.
* Elisa Omodei et Jean-Philippe Cointet
Modélisation multiniveau de la morphogenèse de familles de citations.
* Chloé Girard
Le réseau et ses outils comme lieu de raffinement du livre.
* Emilio Sciarrino
Les fictions numériques francophones aujourd’hui.
* Anna-Katharina Laboissière
À propos de (Re)inventing the Internet : Critical Case Studies, par
Andrew Feenberg et Norm Friesen (éd.).
http://rsl.revues.org/355
Atelier Internet de l’ENS entre dans son second cycle, laissant désormais la parole à des invités notoires, qui préciseront, illustreront ou affineront le cadre théorique du séminaire: http://barthes.ens.fr/atelier.
Après les trois premières séances de cadrage théorique, les prochaines ont lieu les vendredis suivants, de 17h à 19h30, à l’ENS-Ulm: en salle U/V (DMA, 2e sous-sol), sauf le 28 mars (salle W, 3e étage). Voici la liste des conférenciers et des thèmes traités. Le séminaire reste ouvert à tous.
7 mars. Vassili Rivron. Médias sociaux et affirmation ethnique en Afrique Centrale: des techniques intellectuelles entre objectivation et mutation culturelle.
14 mars. Henri Desbois. Géographies actuelles et virtuelles de l’internet: L’Etat et la carte à l’ère de Google Earth.
28 mars (salle W). Christine Ducourtieux et Stéphane Lamassé, introduits par Philippe Rygiel. Littératie contemporaine des historiens.
4 avril. Andrew Feenberg. Présentation de son dernier ouvrage, Pour une théorie critique de la technique (Lux éditeur, mars 2014). Discutant:
Pierre-Antoine Chardel.
Séance co-organisée avec le LAboratoire «Sens et COmpréhension du monde contemporain» (LASCO, Université Paris-Descartes / Institut Mines-Telecom).
Enfin, une séance de conclusion se tiendra le 16 mai, en salle U-V.