mai 13, 2014

Colloque « Figures du bénéficiaire dans l’action humanitaire » 19-20 juin

Colloque « Figure(s) du bénéficiaire dans l’action humanitaire : 1970-2030 » ICEE – Etudes européennes – Université Paris 3 Sorbonne Paris Cité
& Action Contre la Faim
19-20 juin 2014
Université Paris 3 Sorbonne Paris Cité
13, rue de Santeuil – 75231 Paris Cedex 05 – Amphithéâtre D 03
Métro Censier-Daubenton (ligne 7)
Contacts : thomasribemont@hotmail.com / aurelien.evrard@univ-paris3.fr

Programme

Jeudi 19 juin 2014
9h15-10h00 : Accueil des participants
10h00-10h45 : Ouverture du colloque
› Présentation du colloque – Thomas Ribémont (CERAL – Université Paris 13 – Sorbonne Paris Cité – chercheur associé à l’ICEE de l’Université Paris 3 & au CEPEL de l’Université de Montpellier 1)
› Mots de bienvenue :
· Carle Bonafous-Murat (Administrateur provisoire, Vice-Président de la Commission de la recherche – Université Paris 3 – Sorbonne Paris Cité)
· Christine Manigand (Directrice de l’ICEE – Université Paris 3 – Sorbonne Paris Cité)
· Mike Penrose (Directeur Général d’Action Contre la Faim)

10h45-12h30 : Séance plénière
∙ Présidence : Laetitia Atlani-Duault (A nthropologue, Directeur de recherche IRD, UMR 912 & Visiting Professor, City University of New York / Hunter-College)
› Communications :
· « Pour un nouveau modèle humanitaire à la croisée du développement : quelle place pour le bénéficiaire et la société civile ? » – Stéphanie Rivoal (Présidente d’Action Contre la Faim)
· Discussion
· « Bénéficiaire, patient, client ? Comment MSF interagit avec les populations » – Caroline Abu Sa’da (Head of the Research Unit (MSF))
· Discussion

12h30-14h00 : Déjeuner

14h00-16h30 : Ateliers
Atelier 1 : Migrants, réfugiés, bénéficiaires
∙ Président : Stéphanie Rivoal (Présidente d’Action Contre la Faim)
∙ Discutant : Michel Galy (ILERI – Paris)
› Communications :
· « Quand le civil à protéger devient un migrant indésirable. Mouvements de populations et action humanitaire » – Caroline Abu Sa’da (Head of the Research Unit (MSF)
· Discussion
· « Au-delà du « bénéficiaire » : « la vraie image du réfugié » » – Alice Corbet ( Docteur en anthropologie Centre d’études Africaines (CEAf), EHESS Paris) [Présentation du texte par Thomas Ribémont]
· Discussion
· « Aider les Etats et/ou protéger les migrants ? Construction d’une doxa alternative sur les enjeux migratoires internationaux » – Antoine Pécoud (Professeur de sociologie, Université de Paris 13)
· Discussion

Atelier 2 : Les bénéficiaires : co-constructeurs de sens, co-constructeurs de l’action humanitaire ?
∙ Présidence : Christine Manigand (Directrice de l’ICEE – Université Paris 3 Sorbonne Paris Cité)
∙ Discutants : Athanase Karayenga (Institut Isangi) ; Sihem Djebbi (Chargée de conférence en science politique à l’Université Paris 13 (Master « Coopération internationale et ONG ») et à l’Université de Sienne et de Londres-Kingston (Master commun « Human rights and genocide studies »))
› Communications :
· « Patient/bénéficiaire et psychologue engagé dans l’humanitaire : quelle rencontre possible ? » – Cécile Bizouerne (Psychologue référente secteur santé mentale et pratiques de soins d’Action Contre la Faim)
· Discussion
· « Du statut de bénéficiaire à celui de co-constructeur des projets d’aide : rôle des acteurs locaux dans la formulation des besoins humanitaires » – Mathilde Allain ( Centre Emile Durkheim de l’IEP de Bordeaux – rattachée à l’Institut Français des Etudes Andines en Colombie)
· Discussion
· « Ethique de la recherche dans le champ humanitaire : de l’importance de la relation avec les bénéficiaires » – Myriam Ait-Aissa (Responsable recherche d’Action Contre la Faim)
· Discussion

17h-18h45 : Cocktail (Salle Bourjac : 17, rue de la Sorbonne 75005 Paris)

Vendredi 20 juin 2014
9h30-10h00 : Accueil des participants
10h00-12h00 : Séance plénière
∙ Présidence : Thomas Ribémont (CERAL – Université Paris 13 Sorbonne Paris Cité – chercheur associé à l’ICEE de l’Université Paris 3 & au CEPEL de l’Université de Montpellier 1)
› Communications :
· « Normes, standards, certification : qui sont les réels « bénéficiaires » des processus de standardisation de l’aide humanitaire ? » » – Philippe Ryfman (Professeur et chercheur associé honoraire au Département de Science Politique de la Sorbonne-UFR 11 Science Politique) et au CESSP-Sorbonne)
· Discussion
· « Les destinataires de l’aide sont-ils des bénéficiaires ? Enjeux politiques et sociaux de la redevabilité des ONG humanitaires » – Marc-Antoine Pérouse de Montclos (Professeur des Universités Institut français de géopolitique Université Paris 8)
· Discussion
· « Du corps au Sujet : métamorphose politique du « bénéficiaire » en Afrique de l’Ouest » – Michel Galy (ILERI – Paris)

12h00-13h30 : Déjeuner
13h30-16h : Ateliers
Atelier 1 : L’Etat comme bénéficiaire ?
∙ Présidence : Philippe Ryfman (Professeur et chercheur associé honoraire au Département de Science Politique de la Sorbonne – UFR 11 Science Politique) et au CESSP-Sorbonne)
∙ Discutants : Laetitia Atlani-Duault ((A nthropologue, Directeur de recherche IRD, UMR 912 & Visiting Professor, City University of New York / Hunter-College) ; Ioana Kornett (Directrice scientifique et technique d’Action Contre la Faim)
› Communications :
· « Le ministère de la santé, nouveau bénéficiaire ? » – Anne-Dominique Israel (Réfèrent du secteur nutrition santé d’Action Contre la Faim) ; Eric de Monval (Directeur régional des opérations Corne de l’Afrique d’Action Contre la Faim)
· Discussion
· « L’État afghan, bénéficiaire du ‘’renforcement des compétences’’ ( capacity building ) » – Giulia Scalettaris (PhD Institut Interdisciplinaire d’Anthropologie du Contemporain – Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales)
· Discussion
· « Ethnographie des modes d’extraversion de l’aide humanitaire par l’Etat éthiopien. Etude de cas sur le ciblage de l’aide alimentaire (2002-2004) » – François Enten ( Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales )
· Discussion

Atelier 2 : Déconstruire ou reconstruire l’image des bénéficiaires ?
∙ Présidence : Daniel Mouchard (Professeur de science politique – Université Paris 3)
∙ Discutant : Vincent Taillandier (Directeur des opérations d’Action Contre la Faim)
› Communications :
· « Aide humanitaire d’urgence. De la multiplicité des Bénéficiaires » [intervention en visioconférence] – Jean-Marie Stratigos (chercheur associé, Programme Humanitaire, Développement, Aide internationale, FMSH)
· Discussion
· «  » Imagined beneficiares . Le bénéficiaire comme figure invocative » » – Roger Persichino (Directeur des opérations PU-AMI – Pour le service Missions de Première Urgence – Aide Médicale Internationale)
· Discussion
· « L’aide humanitaire dans les urgences complexes : déconstruction critique de la figure du « bon bénéficiaire » – Sihem Djebbi (Chargée de conférence en science politique à l’Université Paris 13 (Master « Coopération internationale et ONG ») et à l’Université de Sienne et de Londres-Kingston (Master commun « Human rights and genocide studies ») ; Doctorante en science politique des Relations Internationales à l’IEP de Paris, affiliée au CERI-CNRS et à l’IRSEM)
· Discussion
· « Pour une approche anthropologique de l’image du bénéficiaire » – Bruno David (Directeur de la communication d’Action Contre la Faim France et Président de Communication sans frontières)

16h00-16h30 : Pause
16h30-17h00 : Clôture du colloque
Bulletin d’inscription

mai 13, 2014

Projection débat: Anthropologues sur le terrain (26 mai, Paris)

Projection-débat organisée par la Direction de l’audiovisuel de l’EHESS et la Société française d’anthropologie visuelle (SFAV)
Entrée libre dans la limite des places disponibles

Les méthodes de terrain face à la diversité des cultures et/ou des situations
Présentation de deux expériences chez les Yanomami du Venezuela et chez les Baruya de Papouasie-Nouvelle Guinée

A Man called « Bee »
Réalisation : Timothy Asch (cinéaste) & Napoléon Chagnon (anthropologue), 1970-1975, chez les Yanomami (Venezuela)  40′

To Find the Baruya Story
Réalisation: Alison & Marek Jablonko (anthropologue & cinéaste) sur Maurice Godelier (anthropologue), 1969-1982, chez les Baruya, (Papouasie Nouvelle Guinée), 61′

Ces deux films abordent une question peu traitée par le cinéma, celle de l’expérience de terrain, conduite pendant plusieurs années, de façon continue ou par intermittence. Napoléon Chagnon, américain du Nord, a travaillé comme « observateur participant » chez les Yanomami d’Amérique du Sud en étudiant les faits de langue et certaines structures sociales. Quand à Maurice Godelier, anthropologue français, issu d’une génération influencée un temps par les analyses marxistes, porte son regard sur les questions économiques telles qu’elles sont exprimées dans la société des Baruya de Papouasie. A travers ces deux expériences, différents modes de relation aux autres se dessinent…
Projection

Les projections seront suivies d’un débat animé par Colette Piault, Présidente de la SFAV, anthropologue et cinéaste, Directrice de recherche (hon.) au CNRS.

Direction de l’audiovisuel de l’EHESS
105 bd Raspail
01 53 63 51 59
75006 Paris

http://www.ehess.fr/audiovisuel <http://www.ehess.fr/audiovisuel>
https://twitter.com/Docaudiovisuel <https://twitter.com/Docaudiovisuel>
vidéothèque numérique de l’EHESS <http://www.canal-u.tv/producteurs/ehess>

mai 13, 2014

AAC Professionnels du droit en Afrique – Revue Politique africaine

Ci-dessous (et en pièce jointe) un appel à contributions pour un dossier thématique de la revue Politique africaine sur les professionnels du droit
en Afrique, prévu pour juin 2015.
Date limite pour la réception des propositions : 13 juin 2014.

Appel à contributions pour Politique africaine – mai 2014

Professionnels du droit et pratiques juridiques sur le continent africain : Héritages coloniaux et dynamiques d’internationalisation
Dossier coordonné par Sara Dezalay (Goethe Universität) et George H. Karekwaivanane (Cambridge University)

Au cours des dernières décennies, les mobilisations du droit dans les pratiques politiques contemporaines des États africains se sont accrues de
manière spectaculaire. Portés par des évolutions politiques internes autant que des dynamiques internationales, le tournant démocratique et la
promotion de la « société civile » ont contribué à transformer le politique tout en renforçant l’importance du droit en tant que ressource de
contestation et de légitimité dans des luttes politiques et sociales, notamment via la multiplication d’organisations non gouvernementales (ONG)
spécialisées dans la défense des droits (Comaroff & Comaroff, 2006).
Cependant, la majorité des travaux consacrés à ce « tournant vers le droit » de l’après-Guerre froide a tendance à déconnecter ces transformations
globales à la fois de leurs ancrages locaux ainsi que des processus historiques plus longs de formation de l’État dans lesquelles elles s’inscrivent. Surtout, le rôle joué par les juristes dans ces processus – et la transformation corrélative des professions juridiques – reste en grande partie un point aveugle. S’il existe une littérature riche sur les professions juridiques en Europe, en Amérique du Nord, en Amérique latine et plus récemment en Asie du Sud-Est, les professionnels du droit sur le continent africain et leurs contributions à la formation de l’État et à ces transformations contemporaines ont été largement ignorés par la recherche (hormis quelques exceptions : Gobe, 2013; Halliday, Karpik et Feeley 2012).
Ce dossier thématique de Politique africaine vise à apporter un éclairage sur les rôles joués par les professions juridiques dans les dynamiques de
formation de l’État ainsi que dans ces transformations contemporaines du politique sur le continent africain. Deux dimensions retiennent
particulièrement notre attention. Il s’agit, d’une part, de l’historicité des professions juridiques et notamment du poids des héritages coloniaux
dans leur structuration. Mettre en lumière le rôle des professions juridiques dans la formation de l’État et certaines transformations
contemporaines du politique implique, d’autre part, de les étudier à l’aune de deux dynamiques : celle des espaces de pouvoir nationaux – politiques,
sociaux, économiques – dans lesquels elles se sont structurées, ainsi que de certaines dynamiques externes actuelles – promotion de l’État de droit,
poursuites pénales internationales, etc. –, contribuant à transformer les pratiques et institutions juridiques et leurs rapports au politique.
Les travaux récents consacrés au rôle du droit dans les politiques impériales ont souligné la spécificité des contextes africains ainsi que
les variations entre les différents systèmes juridiques coloniaux (par ex. Ibhawoh 2013; Benton 2002; 2013). Ils ont également ouvert une
interrogation quant à l’impact de l’ordre colonial sur la structure des systèmes, institutions et professions juridiques dans l’Afrique
postcoloniale. L’instrumentalisation du droit et des institutions juridiques à des fins politiques, y compris de violence, dans certains
contextes souligne en particulier l’incidence de ces héritages sur les rapports entre droit et politique et, partant, entre juristes et pouvoir.
Ces pratiques de « lawfare » (Comaroff, 2001) mettent notamment en exergue les enjeux spécifiques de la professionnalisation et de l’autonomie
juridiques dans des contextes autoritaires et/ou d’effondrement de l’État de droit. Par ailleurs, certaines dynamiques actuelles de globalisation du
droit – y compris le rôle croissant des tribunaux pénaux internationaux et la criminalisation des violences d’État et armées – s’accompagnent d’une
prolifération d’arènes et leviers de contestation du pouvoir (Sikkink, 2011). Comment ces dynamiques d’internationalisation sont-elles articulées
aux héritages laissés par l’ordre juridique colonial (Dezalay & Garth, 2010) et avec quels effets sur le rôle des juristes dans ces processus ?
Ces dynamiques sont-elles, en retour, affectées par l’évolution des pays africains en tant que sociétés plus ou moins extraverties (Bayart, 1999) ?
Ce dossier vise à explorer de telles questions en portant la focale sur les juristes et professionnels du droit et leurs divers rôles en tant qu’intermédiaires, courtiers internationaux ou encore entrepreneurs de normes. Son objectif est de contribuer à une analyse comparative des professions juridiques sur le continent africain et ce sur la base d’approches disciplinaires multiples (droit, histoire, anthropologie, sociologie politique et relations internationales). Étant donnée l’importance accordée dans la littérature existante aux anciennes colonies britanniques, les analyses consacrées aux anciennes colonies françaises, portugaises ou encore belges semblent particulièrement opportunes. Des méthodologies et échelles d’analyse variées sont également bienvenues, y compris des études de cas consacrées à des pays ou des institutions donnés, ou encore des analyses de processus de diffusion transnationale de normes, d’agents, de pratiques professionnelles ou d’institutions.

Nous proposons quatre axes qui demeurent largement ouverts et en grande partie imbriqués :
(1) les héritages coloniaux et leurs effets contemporains sur la structure des professions juridiques ;
(2) le rôle des juristes dans la diffusion de dynamiques actuelles de globalisation du droit et l’impact de celles-ci sur les secteurs et pratiques juridiques sur le continent ;
(3) l’évolution historique des professions juridiques, et
(4) les rapports entre juristes, sociétés et dynamiques de contestation du pouvoir.

1. Le premier axe s’intéresse à l’impact des héritages coloniaux sur la structure des professions juridiques et, plus largement, aux rôles joués
par les juristes dans la trajectoire contemporaine des États africains. Malgré l’importance centrale des juristes en tant qu’ « interprètes
autorisés » du droit et intermédiaires dans les politiques coloniales, leurs spécificités en tant qu’agents de l’État et professionnels ont été
peu explorées dans la littérature historique et anthropologique. Il semble utile de renouveler ces travaux et d’élargir leur focale analytique en
engageant un dialogue avec la littérature consacrée plus largement au droit dans l’Afrique coloniale et contemporaine. Il serait opportun pour cela de
contribuer à une analyse empirique systématique des différents régimes coloniaux africains et de leurs rapports à a) la structure des champs
juridiques et b) au rôle des juristes dans la construction et la contestation de l’État et de sa légitimité. Y a–t-il une corrélation entre
les différents pouvoirs coloniaux (français, britannique, belge ou encore portugais) et la structuration des espaces juridiques des post-colonies ?
Par ailleurs, quel a été l’impact de la nature du pouvoir colonial et de ses transformations sur la structure des ordres et professions juridiques ?
Quels ont été les effets des spécificités des systèmes juridiques coloniaux sur la trajectoire postcoloniale des États africains ? Les professions
juridiques ont-elles vu leurs rôles redéfinis par rapport au politique et à l’égard des sociétés ? Si oui, comment ces glissements ont-ils été opérés
et légitimés ?

2. Le deuxième axe met l’accent sur le rôle des juristes et la transformation des pratiques, institutions et systèmes juridiques dans
certains processus actuels de « juridicisation », en particulier la diffusion au niveau local de processus de globalisation du droit. La
promotion de l’État de droit et de la démocratie comme lingua franca de la « bonne gouvernance » depuis les années 1990 ou encore les dynamiques
actuelles de criminalisation des violences d’État et armées via la Cour pénale internationale sont autant d’exemples d’une juridicisation du politique entendue comme déplacement vers le droit d’enjeux et de luttes politiques et sociaux. Les nombreux travaux consacrés notamment à la diffusion de nouvelles normes globales contribuent cependant largement à un double point aveugle que cet axe invite à combler. Peu de travaux étudient, par exemple, l’impact sur les professions et systèmes juridiques africains de l’incorporation du droit pénal international au niveau national et des
procédures de poursuites pour crimes internationaux  (voir Nouwen, 2013, pour une exception). Les travaux portant sur les poursuites pénales
internationales elles-mêmes, notamment via une ethnographie de procès, pourraient être bienvenues afin de contribuer à une compréhension des
effets politiques, sociaux et juridiques, au niveau local, des récits judiciaires produits par ces arènes pénales. Surtout, cet axe entend souligner que la compréhension de ces processus de juridicisation implique d’étudier le rôle des juristes, notamment via l’ouverture d’espaces de pratiques et d’expertises juridiques nouveaux. Les thèmes et travaux empiriques pouvant participer de cet axe restent largement ouverts. Par exemple, la nouvelle « ruée vers l’Afrique » dans la compétition globale pour les minerais et autres ressources naturelles s’est accompagnée de la multiplication d’arènes juridiques, et particulièrement l’arbitrage, pour gérer les différents commerciaux. Quel est l’impact de cette dynamique sur les professions juridiques ? Surtout, comment ces dynamiques concurrentes de globalisation du droit – droit pénal international et arbitrage commercial – sont-elles articulées ?

3. Troisièmement, la littérature sur les professions (y compris les professions juridiques) a dépassé de manière opportune les apories d’une perspective fonctionnaliste et de l’apologie des « vertus des communautés professionnelles ». Certains travaux récents ont ainsi souligné
l’historicité des professions juridiques et leur structuration sous l’effet des rapports de force politiques, économiques et savants participant de la
construction et de la légitimation du pouvoir (Gobe, 2013 ; Dezalay & Garth, 2011 ; voir également Bourdieu, 2012). Certaines recherches
consacrées particulièrement à d’anciennes colonies francophones ont aussi souligné les transformations de l’« international » en tant que ressource
pour contester le pouvoir (Siméant, 2013) et l’impact de processus d’internationalisation et de professionnalisation sur des professions et institutions juridiques modelées par un héritage colonial et postcolonial de « lawfare » (Dezalay, 2013). Plusieurs pistes d’analyse peuvent être ainsi ouvertes, en s’attachant par exemple à  l’évolution des professions juridiques et de leur structuration dans différents contextes coloniaux et postcoloniaux ; aux transformations de l’éducation juridique ; ou encore à l’impact de dynamiques de juridicisation globales sur les professions et institutions juridiques.

4. Notre quatrième axe porte sur la nature des interactions entre juristes et sociétés et leur impact politique et socio-culturel. Pour rendre compte
de la tendance croissante du recours au droit, au niveau individuel ou collectif, pour exprimer et porter des revendications sociales et politiques, il paraît opportun de s’intéresser aux rapports entre les juristes et leurs clientèles, et plus largement avec la société. En considérant les juristes en tant qu’intermédiaires de « traduction » (Merry, 2006) – à la fois diffuseurs de concepts et interprètes – plusieurs pistes empiriques peuvent être ouvertes pour étudier ces interactions entre juristes et société. Comment les professions juridiques sont-elles perçues ? Quelles ont été leurs stratégies de « traduction » ? Avec quelles limites ? Les juristes ont-ils contribué à des projets politiques et culturels spécifiques et à quelles fins ? Cet axe vise aussi à explorer les relations entre juristes, « mouvements sociaux » et dynamiques protestataires (Agrikoliansky, 2010). Par exemple, quel a été le rôle des juristes dans les révolutions des « printemps arabes », en Afrique du Nord, et avec quelles répercussions en Afrique subsaharienne ? Par ailleurs, au-delà d’une opposition entre « démocraties » et régimes « autoritaires » (Abel, 1998), quels sont les facteurs, opportunités et capacités permettant à des mouvements sociaux de « saisir le droit » ?

Calendrier

Les propositions de contribution (une page) sont à envoyer aux coordinateurs, Sara Dezalay (sara.dezalay@gmail.com) et George H.
Karekwaivanane (ghk22@cam.ac.uk), d’ici le 13 juin 2014. Les articles retenus (d’ici le 2 juillet 2014) devront être remis aux coordinateurs au
plus tard le 30 octobre 2014 pour évaluation par la rédaction de la revue. Date de publication du dossier, composé des articles acceptés par la
rédaction : juin 2015.

Références citées

R. Abel, « Speaking law to power. Occasions for cause lawyering », in A. Sarat, S.-A. Scheingold (dir.), Cause Lawyering. Political Commitments and
Professional Responsibilities, Oxford, Oxford University Press, 1998.
E. Agrikoliansky, « Les usages protestataires du droit », in E. Agrikoliansky et al., Penser les mouvements sociaux, Paris, La Découverte «
Recherches », 2010, p. 225-243.
J.-F. Bayart, « L’Afrique dans le monde : une histoire d’extraversion », Critique internationale, n° 5, 1999, p. 97-120.
L. Benton et R. Ross (dir.), Legal pluralism and Empires, 1500-1850, New York, New York University Press, 2013.
L. Benton, Law and colonial cultures. Legal regimes in World history, 1400-1900, Cambridge, Cambridge University Press, 2002.
P. Bourdieu, Sur l’État. Cours au Collège de France (1989-1992), Paris, Le Seuil, 2012.
J. Comaroff et J. Comaroff (dir.), Law and Disorder in the Postcolony, Chicago, University of Chicago Press, 2006.
J. L. Comaroff, « Colonialism, Culture, and the Law: A Foreword », Law and Social Inquiry, vol. 26, n° 2, printemps 2001, p. 305-314.
S. Dezalay, « Between lawfare and extraversion. The structuration of the legal field in Burundi under the prism of the articulation between
international and national markets of legal expertise », Atelier de travail ‘Professions juridiques et leur internationalisation dans les dispositifs
de paix’, Programme IRENE sur les professionnels internationaux de la paix, Institut des Sciences sociales du Politique – CNRS / Université Paris Ouest Nanterre, décembre 2013.
Y. Dezalay and B. G. Garth, Asian Legal Revivals: Lawyers in the Shadow of Empire, Chicago, University of Chicago Press, 2010.
Y. Dezalay and B. G. Garth, « State Politics and Legal Markets », Comparative Sociology, 10, 2011, p. 38–66.
E. Gobe, Les avocats en Tunisie de la colonisation à la révolution (1883-2011). Sociohistoire d’une profession politique, Paris,
IRMC-Karthala, 2013.
T. Halliday, L. Karpik, M. M. feeley (dir.), Fates of Political Liberalism in the British Post-Colony. The Politics of the Legal Complex, Cambridge,
Cambridge University Press, 2012.
B. Ibhawoh, Imperial Justice. Africans in Empire’s Court, Oxford, Oxford University Press, 2013.
S.E. Merry, « Transnational Human Rights and Local Activism: mapping the middle », American Anthropologist vol. 108, n°1, 2006, p.  38-51.
S. Nouwen, Complementarity in the Line of Fire. The Catalysing Effect of the International Criminal Court in Uganda and Sudan, Cambridge University Press, 2014.
K. Sikkink, The justice cascade: how human rights prosecutions are changing world politics, The Norton Series in World Politics, 2011.
J. Siméant, « Committing to Internationalisation: Careers of African Participants at the World Social Forum », Social Movement Studies, vol. 12,
n° 3, 2013, p. 245-263.

mai 13, 2014

Groupe de réflexion sur le Brésil contemporain – Josiane C. Wedig (14 mai, Paris)

Groupe de Réflexion sur le Brésil Contemporain

Mercredi 14 mai 2014 à 17h, en salle 1, 190 – 8 Avenue de France, Paris 13e
Josiane Carine Wedig,  Doctorante au CPDA de l’UFRRJ en stage doctoral à l’EHESS, présentera sa recherche :    Mouvements sociaux, le Réseau ‘Puxirao’ au Parana et la cartographie sociale au Brésil

mai 13, 2014

Image et Ville, Galerie Vivienne, (15 mai, Paris)

Vous trouverez en fichier joint le programme définitif du séminaire Image et Ville qui se tiendra le jeudi 15 mai, à l’Institut National du Patrimoine (Galerie Vivienne).

Ce séminaire est organisé par l’Université de Cergy-Pontoise en collaboration avec l’INP et la Fondation des Sciences du Patrimoine.
programme

mai 13, 2014

Sciences Po-CERI:débat « La société civile russe résiste-t-elle à l’offensive russe en Ukraine ? » (19 mai, Paris)

Lundi 19 mai | 16h30

Conférence  Observatoire de la Russie

avec

Zara Mourtazalieva, auteure de Huit ans et demi. Une femme dans les camps de Poutine, « Les moutons noirs », Books éditions, avril 2014.
Zoia Svetova, journaliste à l’hebdomadaire russe New Times, auteure de Les innocents seront coupables. Comment la justice est manipulée en Russie, François Bourin, 2013.

Discutants :
Antoine Garapon, magistrat, Secrétaire général de l’Institut des Hautes Etudes sur la Justice
Galia Ackerman, essayiste et journaliste

Présidence : Marie Mendras, CNRS/CERI-Sciences Po

Zara Mourtazalieva interviendra en russe, avec traduction consécutive.

Responsable scientifique : Marie Mendras, CNRS/CERI-Sciences Po
CERI-56 rue Jacob, 75006 Paris / Salle de conférences
Entrée libre dans la limite des places disponibles.

mai 13, 2014

Séminaire CiSav, « Circulation transnationale et champs d’expertise » (15 mai, Paris)

Vous êtes cordialement invité à la prochaine séance du séminaire « Analyser  la circulation des savoirs : contributions et méthodes » :

Jeudi 15 mai* de 11h à 13h
–  sur le thème
– « Circulations transnationales et champs d’expertise »
– Une discussion autour du numéro 59 de Critique Internationale
– –  –     Thibaud Boncourt (Institut Universitaire Européen) « Acteurs multipositionnés et fabrique du transnational. La création du *European Consortium for Political Research »
– – Vincent Gayon (IRISSO, Univ. Dauphine) « Homologie et conductivité internationales. L’Etat social aux prises avec l’OCDE, l’UE et les gouvernements »

– – LIEU: La séance se déroulera au CEPED, 19 rue Jacob, 75006 Paris
– – Pour tout renseignement, veuillez contacter david.dumoulin@unv-paris3.fr
– – Un carnet de recherche est également en ligne sur lequel il est possible d’écouter les enregistrements des séances précédentes : http://cisav.hypotheses.org/

– prochaine séance le 11 juin sur la circulation des répertoires militants.

Résumés :

Thibaud Boncourt : Multi-Positioned Actors And The Construction Of The Transnational: The Creation Of The European Consortium For Political Research.

Given the very diverse ways in which political science has been structured at the national level and the lack of interaction among national fields, the creation of the European Consortium for Political Research (ECPR) in 1970 was on the face of it improbable. This article explains the genesis of this transnational scholarly organization by reference to two phases: first, by creating the International Political Science Association (IPSA), UNESCO encouraged growth in the transnational circulation of actors and knowledge involved in the study of politics; this circulation subsequently contributed to transforming the physiognomy of European national fields and created the conditions of emergence of a subversive project for a new scholarly organization. The present article thus reveals the hybrid structure of transnational spaces in terms of the knowledge and resources that are involved.

– Vincent GAYON: Homology and International Conductivities: The Social State Grapples with the OECD, the EU, and Governments

An examination of the job and unemployment programs of the OECD and the European Commission in the two decades since 1990 shows that their circuit of production and homologous legitimation has been marked by the domination of governments and the economic sectors of these organizations over social sectors. Each of these institutional universes is characterized by an asymmetric relationship between the ?economic? and the ?social,? something that affects the content of their diagnostics and prescriptions as well as the flow of transactions between them. This paper thus takes seriously the effects and actualizations of the process of isomorphic differentiation between the ?economic? and the ?social? that has been pursued over the long term by Western states, a process that affects the very structures of these internationalized spaces.

mai 13, 2014

Coopération avec le Brésil : appel à candidatures

Comité français d’évaluation de la coopération universitaire et scientifique avec le Brésil, le COFECUB évalue et pilote les programmes de coopération en matière de recherche et de formation en collaboration avec deux institutions brésiliennes. Ces programmes, ouverts à tous les champs disciplinaires, permettent aux enseignants-chercheurs brésiliens et français de développer des recherches conjointes.

Date limite de réception des projets : 28 mai 2014.

• En savoir plus

mai 13, 2014

L’Agenda de l’IMAF – Semaine du 12 au 18 mai 2014

Les actualités des séminaires de l’Institut des mondes africains (IMAF) pour la semaine
du 12 au 18 mai 2014.

Séminaires

• Afrique subsaharienne : constructions des savoirs et politiques du passé

Séance du 15 mai 2014, 14h-16h, MMSH, Aix-en-Provence
Anne-Marie Peatrik (CNRS, UPO-Nanterre, LESC), Le destin singulier de Facing Mount Kenya (1938) de Jomo Kenyatta.

• Dynamiques du genre en Afrique

Séance du 12 mai 2014, 14h à 17h, site Raspail
Anne Doquet et Aïssatou Mbodj-Pouye, Masculinités africaines : points de vue théoriques et études de cas

• Les Afriques dans la longue durée : acteurs, savoirs, pratiques (XVe-XXe siècle)

Séance du 12 mai 2014, 15h à 17h, site Raspail
Jean-Michel Mabeko-Tali, Vainqueurs et vaincus : état des lieux de l’Angola politique de 2002 aux élections générales de 2012

• L’État documentaire et les mondes du papier en Afrique : matérialité, technologies, affects

Séance du 13 mai 2014, 13h30à 16h, site Malher
Laurent Fourchard , Certificat d’indigène et bureaucratisation de l’autochtonie au Nigeria

• Penser le temps et construire l’histoire de l’Afrique

Séance du 15 mai 2014, 16h à 18h, site Malher
Olivia Adankpo, Le temps du moine. Structures temporelles et conceptions de l’histoire dans le récit de Yohannes de Dabra Maryam (Éthiopie, XVe siècle)

• Guerre, humanitaire, réfugiés : terrains et théories

Séance du 16 mai, 9h à 13h, site Raspail
Sylvie Ayimpam, Le « monde humanitaire » face au drame des enfants-sorciers en République démocratique du Congo. Les droits de l’homme pour contrer la violence sociale ?
Andrea Ceriana Mayneri, Le schème sorcellaire dans le conflit centrafricain
Patrice Yengo, « Mon oncle voulait que je meurs au front ». Sorcellerie, dissensions familiales et conflits armés

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