Responsables :
Catherine Choquet catherine.choquet@univ-paris8.fr, GEMDEV, Université Paris 8
Vincent Geronimi vincent.geronimi@uvsq.fr, CEMOTEV, Université Versailles Saint Quentin
Claire Mainguy claire.mainguy@unistra.fr, BETA/CNRS, Université de Strasbourg
Alix Toublanc alixtoublanc@yahoo.fr, PRODIG, Université Paris 1.
Présentation
Ce groupe de travail du Gemdev trouve son origine dans un projet plus vaste sur les ressources naturelles, initié en 2013. Les problématiques développées se sont, jusqu’à maintenant, focalisées sur les questions minières au Sud.
Les travaux du groupe de travail reposent sur le constat d’une tension croissante sur la disponibilité des ressources naturelles (agricoles, minérales…) ayant des conséquences importantes pour les trajectoires de développement des PMA (pays les moins avancés) et des PEI (petites économies insulaires). Les principaux acteurs de l’économie monde (firmes multinationales et grandes puissances) se livrent à une course aux approvisionnements qui peut se traduire par une détérioration de la situation sociale et écologique des PMA et des PEI. Que ce soit dans le cadre de l’exploitation de ressources minières et pétrolières ou, depuis quelques années, par l’accaparement des terres, les firmes multinationales exploitant les ressources naturelles opèrent dans un contexte d’asymétries d’informations défavorable aux pays du Sud qui se traduit, le plus souvent, par une aggravation des conditions de vie des populations vulnérables et une destruction d’une partie de leur patrimoine tant matériel qu’immatériel, pouvant entraîner des conflits politiques intérieurs.
Bien qu’une part importante des matières premières soit extraite du sous-sol des PMA et des PEI, ces derniers bénéficient peu des retombées et doivent au contraire souvent faire face à des conséquences mal évaluées au départ (problèmes sociaux, nuisances quotidiennes, coût de la restauration des sites miniers, baisse d’activité dans les villes et villages concernés à la fin de l’exploitation, destruction de leur patrimoine).
Le but de la recherche est d’interpréter les trajectoires de développement des PMA et des PEI à partir de l’analyse de l’évolution des règles d’exploitation de leurs ressources et de leur mise en œuvre, ainsi que des rapports de force qui les sous-tendent. Cette recherche s’appuie sur une approche territoriale permettant de distinguer des trajectoires à l’échelle des territoires étudiés en fonction des stratégies des acteurs du développement. Les politiques relatives aux ressources naturelles ont dès lors un rôle essentiel à jouer pour assurer la soutenabilité, c’est à dire le maintien dans le temps, de la valeur de ces ressources.
Les chercheurs du groupe de travail s’intéressent à l’examen des méthodes d’évaluation de la valeur des ressources naturelles, à l’analyse du partage de la rente, à la fiscalité et aux mesures de régulation nationales ou internationales qui assureraient la solidarité inter et intra-générationnelle, aux impacts sur les territoires des choix d’investissement des rentes, ou encore aux formes de liens tissés sur les territoires entre les économies extractives, l’économie endogène nationale et les initiatives locales de valorisation des ressources patrimoniales.
Les activités du groupe de travail portent plus particulièrement sur les économies minières d’Afrique de l’Ouest et de la Nouvelle Calédonie.
Bien que d’abord centré sur l’analyse de l’exploitation à grande échelle et ses effets en Afrique de l’Ouest, la recherche porte également sur l’exploitation artisanale et à petite échelle en raison de la concurrence et des nombreuses interactions qui apparaissent entre ces deux modèles d’exploitation.
La recherche étudie également les conséquences pour les populations vivant sur les lieux de l’exploitation, que ce soit en matière d’impact environnemental (pollution de l’eau, disparition d’espèces animales, disparition de plantes..), d’impact sur l’accès aux droits civils, sociaux, économiques ou culturels.
RESNASUD s’inscrit aussi dans la continuité des travaux menés sur la mesure du capital naturel et de la soutenabilité de la Nouvelle-Calédonie menés au départ par le CEMOTEV (Université de Versailles) et le GEMDEV pour l’AFD, en partenariat avec l’IAC (Institut agronomique néo-calédonien), le CIRAD et les chercheurs de l’UNC (Université de Nouvelle-Calédonie). Ces travaux ont permis de mettre en avant les vulnérabilités spécifiques qui pèsent sur la soutenabilité de la croissance de la Nouvelle-Calédonie, du fait notamment de sa dépendance envers une double rente, celle liée au nickel, et celle liée aux transferts publics. Les analyses menées sur la soutenabilité ont amené les chercheurs à intégrer la notion de patrimoine comme une notion clé dans la compréhension des dynamiques à l’œuvre. Alors que l’approche en termes de soutenabilité faible retenue dans nos premiers travaux suppose la substituabilité entre les différents capitaux, l’approche par la soutenabilité forte interroge le caractère unique, authentique, de capitaux non-substituables, à l’image du patrimoine.
La composition du groupe est pluridisciplinaire et internationale. Les réunions, séminaires et conférences peuvent se dérouler à Paris mais aussi au Canada, au Mali, en Guinée ou en Nouvelle-Calédonie (voir rubrique séminaires, rencontres).